1. Une grammaire diversifiée

Pris dans leur ensemble, les ouvrage sabô constituent un véritable « système » d’accompagnement des sédiments, depuis le lieu de leur mobilisation sur les versants en amont jusqu’aux zones de dépôts en aval. À cet ensemble de protection contre les lahars et les laves torrentielles, il faut encore ajouter à l’extrême amont les dispositifs qui permettent de détecter leur déclenchement, et à l’extrême aval des constructions permettant aux riverains de se mettre à l’abri. La figure 2-1 en présente les principales catégories, qui seront ensuite illustrées à partir d’exemples pris sur le terrain.

Figure 5-1 – Typologie des ouvrages
Figure 5-1 – Typologie des ouvrages sabô

Source: Doboku gakkai (2000)

D’amont en aval les constructions visent à limiter et confiner l’érosion, sur les versants et dans les lits.

A – Extrême amont où sont installés des câbles-capteurs (ils vibrent ou sont brisés au passage d’un écoulement). Reliés aux observatoires, ils permettent de repérer le déclenchement d’un mouvement sédimentaire dès son origine (ex. : Tokachi-dake). Complétés par des caméras postées sur les ouvrages plus en aval.

B – Ouvrages de protection “active”, destinés à stabiliser les pentes (murets, diguettes, végétalisation, « filets » en béton armé ou chape de ciment) (ex. Usu 2000, Fuji-san).

C – Barrages d’écrêtage, construits en série. Ils sont destines à stopper une partie des sédiments et ralentir l’écoulement (Komaga-take). Barrages fermés ou semi-fermés.

D & E – Barrages-écrans, et barrages-tamis, qui laissent passer les fractions moyennes et fines, mais retiennent les éléments les plus grossiers (troncs, blocs, etc.) (Tokachi-dake, Sakurajima, Iô-jima).

F – Digues de dispersion ou de contrôle, pour guider l’écoulement (Fuji-san)

G – Bassins / poches de rétention, destinés à contenir d’importants volumes de laves torrentielles (Miyake-jima) ; bassins de décantation, dans les secteurs de faible pente, pour favoriser la déposition des matériaux les plus fins

H – Chenaux bétonnés, en zone urbanisée, pour guider l’eau jusqu’au niveau de base sans débordement (Miyake-jima, Unzen)

En complément, il faut citer quelques unes des réalisations qui visent à la protection directe des personnes, comme l’escalier et terre plein hors de portée des écoulements (secteurs surélevés en zone à risque) à Shirogane Onsen et Kami-furano, Annaka Sankaku, les abris contre les chutes de blocs (Aso-san, Sakurajima).

En raison des décharges sédimentaires incessantes sur les flancs volcaniques, l’ensemble de ces ouvrages, nécessite un entretien permanent pour rester opérationnel (dragage, réparation de l’attrition).

Récemment, les constructions situées à proximité de la vue, en aval ou sur les sites touristiques, sont conçus pour s’intégrer dans le paysage de manière un peu plus discrète : les plaques de béton utilisées présentent une surface à dallage géométrique, les balustrades ou les barrières sont faites en rondins, ou bien sont dotées de motifs décoratifs.

L’ensemble de ces ouvrages délimitent nettement dans le paysage l’espace d’expression du risque de celui qu’il ne doit pas franchir. Si les secteurs interdits tendent à croître autour des cratères actifs (périmètres d’un ou deux kilomètres de diamètre), la pression foncière se fait aussi plus forte à d’autres endroits (tourisme, densification). La protection et le gel de certaines zones est contraire à la logique d’aménagement, ce qui nécessiterait de discuter de manière plus approfondie de la dialectique entre espace ouvert à tous et espace à risque, entre espace d’accès fermé (ou en amont d’un barrage) et neutralisation du risque. La protection passive crée aussi un nouveau risque (ou déplace le risque existant) ; tout aménagement est vulnérable à un certain degré, et l’aléa peut franchir les échelles (connexité).