Le système de 1955 (gojûgo nen taisei, 55年体制), ordre politique en vigueur de la fondation du PLD en 1955 jusqu’à la crise, se maintient depuis pour l’essentiel, malgré les déboires du parti dominant. Cette continuité gouvernementale explique la consolidation et l’importance prise par les réseaux entre élus, administration et patronat – source d’une corruption récurrente qui est manifeste dans le secteur du bâtiment, et l’une des raisons qui a coûté le pouvoir au PLD dans les années 1990. Cette situation n’a rien d’une spécificité culturelle japonaise ; en France par exemple le conseil de la concurrence épingle régulièrement les entreprises de construction pour des ententes faussant les appels d’offre et des financements irréguliers aux partis politiques242.
Ses racines datent d’avant guerre, puisque la rupture institutionnelle voulue par les Américains après 1945 ne touche pas l’appareil d’État. La culture politique antérieure s’est maintenue, avec le rétablissement de l’essentiel des élites et de la bureaucratie. Ceci explique largement le décalage entre la théorie (législation nouvelle) et la pratique du politique, qui dans le cas des travaux publics comme dans d’autres secteurs reste parfois peu démocratique et souvent informelle. D’autres éléments conjoncturels sont venus soutenir le maintien dans la durée et l’ancrage du secteur des travaux publics (BTP) dans l’économie :
Cf. l’affaire Drapo par exemple (Juillard J.-F., « Des patrons multirécidivistes au tableau de chasse de Bercy », Le Canard enchaîné, 25VII2007, p. 4). Le texte intégral de la décision est consultable sur le site du Conseil de la concurrence :
http://www.conseil-concurrence.fr/pdf/avis/06d07.pdf