Asano Shirô 浅野史郎, le gouverneur de Miyagi, élu en 1993, réélu en 1997 puis 2001, a servi de modèle pour d’autres gouverneurs « qui font des régions le laboratoire des réformes » [JMB p. 442], un peu à la manière des socialistes progressistes des grandes métropoles dans les années 1967-76. Il a par exemple fait installer des panneaux indiquant le coût des travaux sur les chantiers de travaux publics.
Ces réformes mettent à mal le pilier BTP, et menacent notamment « les profits que la baronnie de la construction tire du béton dont elle barre inlassablement les cours d’eau de l’archipel » [JMB p. 447]. Comme à Miyagi, dans les départements de Tokushima 徳島県, Tochigi 栃木県, Mie 三重県, Tottori 鳥取県, Kumamoto 熊本県 ou encore Nagano, des projets sont abandonnés ou rejetés, avec parfois la réaction violente du lobby BTP (en 2000, tapage des haut-parleurs de la pègre à Kumamoto). En 2002, le PLD tente de contrer la politique radicale de l’indépendant Tanaka Yasuo255, gouverneur de Nagano, qui prône l’arrêt voire la destruction des barrages sabô (datsu damu 脱ダム, « non aux barrages »). Tanaka démissionne suite au vote d’une motion de censure, mais se fait réélire immédiatement par la population.
À côté des élus indépendants et réformateurs256, la vox populi semble aussi se faire plus audible. Une loi sur le droit à l’information a été adoptée en 1999, grâce à la campagne bien organisée du « Comité national de liaison des ombudsmans citoyens (Zenkoku shimin onbuzuman renrakukai 全国市民オンブズマン連絡会) – des volontaires qui se donnent pour mission de dépister les abus dans les finances locales »257. La loi permet à tout citoyen de demander communication d’informations administratives le concernant directement. Relations extérieures, défense, sécurité publique et tokushu/kôeki hôjin sont exclues de ce droit et l’administration peut refuser pour divers motifs, mais la jurisprudence a ouvert par exemple l’utilisation du budget local ou parfois les documents des services de police. Des associations visent désormais les appels d’offre qui font tourner le BTP.
À l’avenir, les critiques montantes pourraient déboucher à la fois sur une réaffectation des crédits en faveur du centre (activités productives, urbanisme mégalopolitain) et sur une certaine autonomisation des périphéries, les regroupements de communes (gappei) permettant de mettre en commun les équipements et leurs coûts. Les communes de province dont la situation peut aller jusqu’à la faillite (comme celle de la ville de Yûbari 夕張市, à Hokkaidô) restent demandeuses de subsides malgré les critiques émises contre la prolifération du béton, qui touche aussi les sabô.
Si les critiques citoyennes semblent porter leurs fruits pour les programmes pharaoniques (désalinisation, assèchement de lacs ou de baies entiers), qui sont interrompus où abandonnés, par contre des ouvrages de moindre ampleur se multiplient toujours : l’argument environnemental est moins efficace (surtout après une éruption), le tout passe plus inaperçu dans les budgets : un peu comme le balai de l’apprenti sorcier.
Pour en revenir à la réalité de l’aléa, tout amène à l’idée qu’il existe une divergence assez nette, bien que non explicite, entre la réalité de l’aléa et la construction des barrages, dont le développement n’est pas sans effets pervers.
田中康夫 (1956-), gouverneur à partir de 2000 remplacé par l’indépendant Murai Jin村井仁 ensuite.
Asahi Shimbun (2002).
[JMB p. 324]. Voir l’article les concernant sur le site de transparency international, contre la corruption : http://ww1.transparency.org/toolkits/2001/monitor_ombudsman-japan.html# et les articles de kyodo news concernant le classement de transparence des départements réalisés par cette association (enquetes_ombudsmanJp.doc).