I. La veille volcanologique à l’épreuve

‘« Tous les appareils qui se trouvaient dans ce bâtiment étaient reliés aux trois cents volcans en activité ou assoupis de Îhatôbu. L’état de ces volcans qui rejettent de la fumée et des cendres, et où s’écoule de la lave, et, bien entendu, celui des vieux volcans éteints, l’aspect des gaz qui se trouvent à l’intérieur et jusqu’aux modifications de forme des montagnes, tout était écrit en chiffres et représenté sous forme de schémas. Chaque fois que se produisaient des changements violents, toutes les machines reliées au plan sonnaient, produisant des sons différents. »
Miyazawa Kenji, la biographie de Gusuko Budori
宮沢賢治, グスコーブドリの伝記 (1932).’

Tandis qu’un organisme de recherche unique, l’institut de Physique du Globe de Paris262, représenté au gouvernement par le biais du CSERV263, est responsable des trois observatoires volcanologiques français (Martinique, Guadeloupe et Réunion), le système japonais apparait profondément morcelé – il est vrai que le nombre d’édifices à surveiller n’a rien de comparable…Le Kishôchô (JMA), incorporé au ministère du Territoire, des Infrastructures et des Transports (MLIT), est officiellement responsable de la diffusion de l’information et de l’alerte. Il possède son propre réseau de surveillance. En parallèle, les observatoires volcanologiques, implantés plus récemment, conduisent séparément des observations sismiques, avec leurs propres sismomètres. Cette redondance n’à guère d’égal hors du Japon. Si l’émulation entre les deux corps, universitaire et administratif, a permis de multiplier les résultats de recherche et les publications, ce dispositif multilatéral est aussi une source de gaspillage contreproductif, puisque les réseaux d’appareils de mesures ont longtemps été redondants et concurrents. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’intégration des données sismiques universitaires à celle du Kishôchô n’a été réalisée qu’en 1997, par exemple, alors que les mesures sont conduites depuis de longues décennies. Les coupes dans les budgets de recherche depuis les années 1990 expliquent en partie cette rationalisation.

D’autres appareils encore peuvent être installés par des universités privées ou par le Kokudo chiri-in国土地理院(GSI - Geographical Survey Institute), comme c’est le cas au Sakurajima par exemple, objet de toutes les attentions (carte 6-1). Cela n’empêche pas la coopération, puisque les observations des universitaires ne sont jamais directement publiées. Elles transitent toujours par le Kishôchô, seul canal officiel pour la transmission des informations et des alertes au public. Récemment les collaborations se multiplient même si une partie des attributions respectives de ces institutions restent peu compatibles : compréhension des phénomènes et recherche fondamentale d’un côté, surveillance préventive et information de crise de l’autre. De plus en plus de volcanologues s’attèlent aussi aux questions de prévention et de perception du risque. Les centres sabô constituent une troisième source de données de surveillance, dans une moindre mesure.

Carte 6-1 – Appareils de mesures implantés au Sakurajima et alentours pour la veille volcanologique
Carte 6-1 – Appareils de mesures implantés au Sakurajima et alentours pour la veille volcanologique

D’après Kishôchô (2005)

Notes
262.

http://www.ipgp.jussieu.fr/

263.

Le Comité Supérieur d’Évaluation des Risques Volcaniques est l’organisme chargé depuis 1983 de la prévention des risques volcanique, au sein du ministère de l’Écologie. Il associe des chercheurs et des hauts fonctionnaires. Son rôle est consultatif. Une courte notice présente ses fonctions sur le site du ministère : http://www.ecologie.gouv.fr/article.php3?id_article=4940.