[Un édifice volcanique complexe339]
Au sens strict, le cône actuel, postglaciaire, n’est que la partie récente du corps volcanique (cf. figure 6-5) : le « nouveau Fuji » ou Shin-Fuji新富士 est un stratovolcan construit sur plusieurs anciens appareils édifiés successivement, notamment le Komitake小御岳, « petit pic » (700 000-200 000 BP) et le Ko-fuji 古富士, « ancien Fuji » (100 000-11 000 BP). L’ampleur des volumes accumulés qui ont comblé les dénivellations initiales du socle se lit dans la topographie à petite échelle. L’assise du volcan en pente douce et régulière contraste fortement, tant dans le paysage que le dessin des courbes de niveau, avec les crêtes vigoureuses et les vallées profondes des alentours.
Les quatre cinquièmes du sous-bassement de ce nouveau Fuji sont essentiellement basaltiques, et se sont mis en place aux environ de 11 000–8 000 BP. La construction du cône alterne, comme il est classique pour un stratovolcan, des phases d’activité explosive (8 000–4 500 BP) et d’autres plus effusives, sans que les témoignages de coulées pyroclastiques ne disparaissent totalement (4 500–3 000 BP). Ensuite, l’activité est sommitale pour un millénaire, avant qu’une centaines de cônes et de cratères monogéniques viennent percer les flancs selon un axe orienté nord-ouest – sud-est, bien visible sur la carte générale en trois dimensions (carte 6-3).
D’après Kamata (2004)340
Cette phase récente a modelé la configuration actuelle du réseau hydrographique régional, en créant cinq lacs barrés par des dépôts de nuées ardentes ou des laves, en particulier l’important volume du champ de lave d’Aokigahara 青木ヶ原, vers le nord nord-est, épanché lors de l’éruption de 864-865. Ces lacs, particulièrement prisés pour les teintes de leurs eaux et la vue sur le sommet, contribuent grandement à la renommée du lieu. En 1707, une dernière éruption plinienne, la plus violente de la période historique du Fuji-san341, génère d’énormes volumes342 de ponce, de scories et de téphras. Le cratère parasitique du flanc sud-est (cratère de Hôei 宝永火口), large de plus d’un kilomètre de diamètre, en est l’aboutissement.
En trois siècles sans éruption, une végétation forestière343 a pu reconquérir les flancs du cône, jusqu’à 2 000 mètres d’altitude au moins. Les contraintes posées à l’étagement – rigueur du climat et instabilité des pentes taillées dans les scories – expliquent la dénudation totale du sommet à partir de 2 500 mètres d’altitude. L’érosion marque profondément l’étage supérieur, en particulier sur le flanc occidental où les effets du ravinement sont particulièrement intenses. Ôsawakuzure 大沢崩れ, « l’effondrement du grand ravin », est une gigantesque griffure qui court dans la partie supérieure du flanc ouest (photo 6-2) pour atteindre un développement maximal d’un demi-kilomètre de large et 150 mètres de profondeur sous la lèvre du cratère. Vers 2 000 mètres d’altitude, la végétation contribuant efficacement à limiter l’érosion, le ravin se rétrécit en un chenal d’au plus 200 mètres de large par 100 de profondeur, qui se poursuit jusqu’au piémont. La décharge sédimentaire évacuée chaque année est estimée à 160 000 m3 en moyenne344.
Source : bimensuel édité par le bureau Sabô du mont Fuji, Fujiazami n° 56 (2005), http://www.fujisabo.go.jp/jimusyo/fujiazami/fujiazami_56/56-1.html
Source : Wikipedia Japon, http://ja.wikipedia.org/ (2005)
Les données présentées ici sont extraites de l’histoire géologique du volcan compilée par Siebert et Simkin (2002-) et par Ukawa (2003), sauf mention contraire.
Kamata Hiroki鎌田浩毅, Fuji san chika ni atarashii kazan tai, [Un nouvel édifice volcanique sous le mont Fuji], Iwanami Kagaku-kagaku tsûshin岩波科学・科学通信, vol.74, n°10, p. 1163-1164.
http://www.gaia.h.kyoto-u.ac.jp/~kamata/Iw.Fujisan4Kaidate.2004.10.htm.
L’indice d’explosivité volcanique a été estimé à cinq. Siebert et Simkin (2002-).
Selon les sources, 1 à 2 M m3, 4 à 700 M tonnes – des écarts fantaisistes qui ne permettent guère mieux qu’un ordre d’idée général.
La partie supérieure est climacique, dominée par les mélèzes et les érables, les chênes et les hêtres, mais l’essentiel est une chênaie secondaire ou une forêt plantée, en cyprès et cèdres. Fuji sabô jimusho (2000).
Fuji sabô jimusho (2001). Les volumes sont estimés à partir du curage réalisé en permanence depuis le début des travaux sabô (1969), au niveau du cône de déjection, en amont de la zone urbanisée de Fujinomiya 富士宮市. La décharge maximum enregistrée en un an dépasse 800 000 m3 de sédiments, en 1972.