Après trois siècles d’assoupissement, des tremblements de terre de basse fréquence et peu profonds ont été enregistré d’octobre à décembre 2000 puis en avril et mai 2001.
Cette recrudescence sismique enregistrée peu après deux évacuations volcaniques majeures dans l’archipel, a sans nul doute contribué à amorcer la volonté d’agir pour la prévention, en mettant au point une carte de risque et une série de contre-mesures. Mais contrairement à la première carte de risque du mont Asama dont la gestation s’amorce au même moment, la réponse autour du mont Fuji dépasse largement le stimulus à son origine. Pour la première fois depuis 1974 – date de la mise en place d’une politique nationale de prévention du risque volcanique – la réaction s’effectue non à l’échelle locale ou celle des départements riverains (Yamanashi et Shizuoka) mais à celle de l’État central et du comité national de prévention. Si l’on rappelle les trois siècles de « silence » volcanique depuis la dernière grande éruption, et si l’on précise que les séismes évoqués ci-dessus ont été enregistrés mais jamais ressentis345, la mise en place d’un tel projet apparaît vraiment démesurée par rapport à ses déclencheurs. En outre, dans le classement du Kishôchô, dont la révision de 2003 est postérieure à la sismicité soulignée, le Fuji-san n’est qu’un volcan de rang B. Il est le seul volcan de cette catégorie à faire l’objet d’un pareil programme.
Pourtant, trois facteurs peuvent expliquer simplement cette apparente disproportion. Les deux principaux sont liés à l’opportunité conjoncturelle offerte par les événements de 2000. Le CCPVE en profite pour demander l’amplification de la surveillance instrumentale et des études géophysiques sur l’histoire éruptive, tout en coordonnant les bases d’un programme de prévention régional difficile à mettre en place sinon, à cause du nombre de collectivités locales impliquées. Le ministère de la Construction exploite cette dynamique pour relancer le projet de sabô autour du volcan, dans un contexte d’effondrement budgétaire346. Enfin, le halo de représentations autour du mont Fuji, dont le sommet appartient à une congrégation religieuse, et son statut hautement symbolique (abordé au chapitre huit) constituent un troisième facteur sous-jacent, qui pourrait rendre compte en partie de l’ampleur du chantier mis en branle. Aucune de ces trois explications n’est d’ailleurs incompatible avec les autres, et toutes ont sans doute fonctionné dans le même sens.
Ils n’ont, en outre, été accompagné d’aucun autre phénomène anormal, ce qui exclut l’hypothèse d’une migration de magma. Les volcanologues ont conclu à la probable manifestation de changements de pression mineurs sous le volcan. Ukawa (2003).
Après avoir culminé en 1998 à 5,5 Md Y, il n’est plus que de 2,9 Md (budget prévisionnel 2000), valeur la plus basse depuis dix ans. Fuji sabô jimusho (2000).