A. De l’État social à l’État pénal : le déclin de l’idéal d’amendement

Même si l’idée de redresser les délinquants remonte au XVIe siècle en Europe, elle n’est devenue un but officiel du système pénal qu’au début du XXe siècle. Ce n’était pas le fruit du hasard que la montée du positivisme pénal ait coïncidé avec la genèse de l’État providence britannique : la confiance en la capacité de l’État à « guérir » le délinquant allait de pair avec la confiance en sa capacité à façonner des politiques en mesure de faire face à tout problème social. Au fur et à mesure que l’État endossait un rôle interventionniste, la brutalité inhérente au traitement des délinquants au XIXe siècle s’atténuait. Pourtant, le processus d’amélioration a été long, l’idéal d’amendement étant constamment concurrencé par les objectifs de dissuasion et de châtiment. Au cours des années 1970, la crise de l’État providence a coïncidé avec une crise pénale lorsque les systèmes social et pénal ont été l’objet de critiques virulentes provenant de la droite comme de la gauche428. Cependant, l’idéal n’a jamais été abandonné – il n’a été que modifié au fil du temps. Même les politiciens les plus fermes, tels Michael Howard, ministre de l’Intérieur de 1993 à 1997, ont souligné l’importance de l’amendement429. Le but de la première partie de ce chapitre sera de retracer l’évolution de l’idéal et de déterminer ainsi si sa manifestation actuelle est symbole ou non d’un nouveau durcissement en matière pénale.

Notes
428.

Voir infra., pp. 216-239.

429.

Cf. Michael Howard lors d’un entretien avec John Humphreys, « On the Record » [en ligne], BBC, 30 janvier 1994. Disponible sur : http://www.bbc.co.uk/otr/intext93-94/Howard30.1.94.html [page consultée le 1 juin 2007].