Cette citation reflète l’idée, devenue de plus en plus courante au cours de ces dernières années, que le système pénal ne répond plus aux vraies inquiétudes et aux vrais besoins du public en raison du fait qu’il est contrôlé par une élite intellectuelle, détachée de la réalité de la vie quotidienne de la grande majorité de la population. Par conséquent, les décideurs politiques veulent à tout prix se montrer réceptifs à l’opinion publique, favorisant les réponses de bon sens au problème de la délinquance. Il s’agit ici de l’adoption de politiques punitives qui sont souvent considérées comme étant « populistes », mais on verra qu’il faut se méfier de ce terme apparemment simple car les politiques populistes ne sont pas forcément populaires. Néanmoins, nous verrons qu’une nouvelle élite intellectuelle, tirant sa légitimité de son appel au bon sens populaire, a peu à peu influencé la politique pénale à un point tel qu’on peut aujourd’hui parler d’un nouveau consensus pénal. Nous analyserons ensuite le rôle joué par les médias, les juges et la police dans la création de ce consensus punitif.
« […] la culture de prise de décisions politiques et judiciaires [..] doit changer, afin de refléter les changements du monde. Cela ne touche pas une décision juridique ou une loi en particulier. C’est un changement radical de la façon de penser, une détermination claire et articulée à faire de la protection du public respectueux des lois une priorité, et de la mesurer, non pas à l’aune de quelque manuel théorique, mais à celle de la réalité de la rue et des communautés où les vraies gens vivent de vraies vies. » Propos tenus par Tony Blair, « The Prime Minister’s Speech on Criminal Justice Reform », The Guardian [en ligne]. Disponible sur : http://politics. guardian.co.uk/homeaffairs/story/0,,1804482,00.html [page consultée le 30 avril 2007].