ii) Gérer le conflit social

La politique sociale de l’administration néo-travailliste a tenté de répondre aux ravages sociaux des politiques néolibérales des précédents gouvernements conservateurs, mais elle a dû opérer dans un contexte néolibéral considéré comme immuable. Il s’agit ici de ce que le politologue Colin Crouch appele le « néolibéralisme social » (social neo-liberalism), c’est-à-dire l’adoption d’une politique sociale qui se contente d’aider les gens à s’adapter aux besoins du marché au lieu de les protéger contre le marché799. Chris Jones et Tony Novak l’expliquent ainsi : « If the view of the new right was that the abandonment of the poor was good for the market, the view of New Labour would be that the abandonment of the poor to the market is good for the poor800. » Afin d’apprendre aux individus à se débrouiller tout seuls, les gouvernements successifs de Tony Blair, tout comme ceux de Margaret Thatcher et de John Major, ont mené une campagne de remoralisation. Nous analyserons maintenant le contenu du projet de remoralisation, version New Labour,puis nous étudierons les politiques sociales qui en ont découlé.

Notes
799.

Colin Crouch, « The Terms of the Neo-Liberal Consensus », The Political Quarterly, 1997, vol. 68, n° 4, pp. 358-359.

800.

« Si le New Right avait considéré que l’abandon des pauvres au marché était bon pour le marché, le New Labour considère, lui, que l’abandon des pauvres au marché est bon pour les pauvres. » In Chris Jones et Tony Novak, op. cit., p. 176.