Chapitre 1. Des Médias de masse aux Médiacultures

Symbole de progrès et de mondialisation, la multiplication des communications et des informations en Occident n’est pourtant pas en mesure de masquer l’éclatement des disciplines scientifiques et la difficulté contemporaine à saisir globalement les dynamiques sociales conflictuelles participant au siècle nouveau.

Il n’est donc pas question ici de se détourner d’un obstacle de taille ou bien de botter en touche le cas échéant face à la montagne d’ouvrages et d’articles qui sommeillent, prêts à émerger à la moindre évocation du sujet « médiatique », mais au contraire de distinguer et de sélectionner les débats structurants, les paradigmes, susceptibles d’être mobilisés dans le cadre de notre interrogation qui porte sur la télévision. Il convient ainsi de revenir sur la construction historique d’une sociologie critique dans le sillon de laquelle nous tentons de nous situer, théorie contrariant le premier paradigme américain, empiriste, apparu au début du siècle dernier, entre Chicago et Columbia, avant de nous arrêter sur quelques travaux européens fondamentaux publiés après la fin de la seconde guerre mondiale. Ces travaux, issus de l’école de Francfort ou des Cultural studies sont les héritiers d’une tradition critique qui permettra de penser le public comme une entité active et réflexive, complexe, et qui finira par transformer l’expression « médias de masse », devenue trop simplificatrice, en « Médiacultures », les médias devenant de la sorte pour le chercheur un champ à part de compréhension des rapports de forces au sein de la société.