B) Les médias comme industries culturelles

Ceux qui font la promotion d’une culture de masse la définissent généralement comme l’expression moderne d’une culture populaire, le public à travers l’audience dictant ses goûts et ses opinions au jour le jour (Macé, 2006, p.38). À la suite des conclusions américaines concernant ces liens entre culture populaire et culture de masse, l’école de Francfort leur oppose la notion d’industrie culturelle. Il s’agit pour elle de souligner l’instrumentation des médias par le Capitalisme pour aboutir à la liquidation des résistances critiques encore susceptibles de le contredire.

Theodor Adorno est né en 1903 à Francfort sur le Main. Dès les années 20, il se lie avec Max Horkheimer, nommé directeur en 1931 de l’Institut de Recherches Sociales dont Adorno deviendra membre en 1938. L’école de Francfort est née en 1923 avec la fondation de l’Institut für Sozialforschung par décision du Ministère de l’Education. L’idée d’une institution permanente vouée à l’étude critique des phénomènes sociaux était apparue en 1922 lors d’un colloque consacré au marxisme. Quant l’institut est fermé par les nazis en 1933, il s’exile aux Etats-Unis où il devient l’Institute of Social Research. En outre deux antennes sont créées, l’une à Paris, l’autre à Londres. En 1950, l’Institut revient à Francfort.

Après la guerre, l’école de Francfort se détache de l’Institut pour devenir un courant de pensée. Il y a entre les chercheurs des liens personnels mais c’est une attitude philosophique et un certain nombre de choix politiques communs qui confèrent à l’école une cohérence théorique. Marxistes, mais en dehors de toute inféodation à un parti ou à un Etat, les auteurs considèrent la raison comme leur référent essentiel ; la raison émancipatrice qui arme le sujet d’une conscience critique, mais aussi la raison qui est à l’origine de l’émergence du capitalisme à travers une appropriation rationnelle de la nature. D’où une dialectique de la raison à la fois émancipatrice et instrument de domination.