C) La politique à la télévision, histoires et avatars de démocratie participative

« 36 heures », l'émission de politique-réalité de TF1 n'aura vécu que l'espace d'une demi-semaine. La polémique lancée par les journaux a fini par provoquer la réaction de Jean-Pierre Raffarin, qui a vivement « déconseillé » à ses ministres de participer à ce programme. À TF1, on dément que le projet soit avorté. Le Premier ministre désapprouve l'idée de filmer, sur le mode de la télé-réalité, un homme politique au sein d'une famille pendant trente-six heures. Jean-Pierre Raffarin a estimé que : « L'émission n'est pas conforme à la règle (...) imposée à ses ministres, à savoir que toute intervention dans une émission doit être compatible avec le respect et la dignité de la fonction ministérielle ». (article du Figaro, 11 fev 2004). Ainsi la télévision peut être « dégradante » pour l’image des hommes politiques. Pierre Bédier et Jean-François Copé, membres du gouvernement Raffarin se sont frottés au concept tant rabâché sur les écrans, souhaitant sans doute profiter de son aura auprès de la jeunesse. La fonction politique découvre les limites de son accès à la télévision. Nous ne verrons pas leurs tentatives sur la chaîne privée dirigée par Patrick Le Lay.

Nous pourrons nous contenter de la médiatisation conséquente d’autres membres du gouvernement, et d’éventuels candidats à la présidence de la République de 2007. car c’est au moment des campagnes télévisées que les hommes politiques rencontrent pleinement leur « public », au travers des débats, des journaux télévisés, ou même indirectement par le biais de caricatures comme Les guignols de l’info. Mais la télévision n’est bien souvent qu’une seule facette de la communication politique qui tisse aujourd’hui des liens étroits entre médias, discours, et agenda politique, à travers notamment la généralisation du storytelling lors des campagnes électorales. La politique à la télévision a désormais ses codes, ses procédés éprouvés et influents. Qu’en–est-il alors des messages implicitement politiques ? Le pouvoir peut-il influencer les spectateurs à partir de messages qui ne montrent pas exclusivement de la politique, voire par des messages qui ne montrent pas de politique du tout ? C’est bien le but de notre travail de se pencher aussi sur cette question.