B) La production en syndication

La seconde grande façon de produire une série aux États-Unis, c'est de la produire directement en syndication. Cette idée est apparue dans les années 1980, où beaucoup de séries, considérées maintenant comme « cultes » par le public, n'ont trouvé leur succès qu'avec leur rediffusion en syndication. Quasiment tout ce qui a été dit pour la production avec network s'applique à la syndication, en particulier sur la production au jour le jour, mais des différences existent.

En syndication, le studio finance en général la série sur ses fonds propres et se charge de démarcher des stations locales qui acceptent de diffuser la série. C'est le principe du pré-achat. Il n'y a donc pas à proprement parler de pilote pour cette série, même si la production du premier épisode est, comme pour un pilote, très différente de la production des autres épisodes, ne serait-ce qu'à cause de la distribution des personnages principaux. Pour qu'une série inédite ait du succès en syndication, il faut qu'elle soit diffusée sur au moins 75 % du territoire des États-Unis. Au début, ces séries étaient à petit budget pour limiter les risques, mais maintenant des séries à gros budget voient le jour en syndication, Babylon 5 par exemple. L'inconvénient majeur d'une telle production est le risque financier que prend le studio. L'avantage est l'absence de network et de sa censure.

Le studio et les stations jouent donc le rôle de fournisseur et de clients. À ce titre, le studio doit respecter les spécificités de chaque station. Par exemple, s'il veut faire un épisode de durée double pour le début ou la fin d'une saison, le studio doit prendre en compte le fait que certaines chaînes ne voudront pas bouleverser leur grille de programme. Un tel épisode est donc souvent proposé en deux versions : un épisode de double durée ou deux épisodes de durée normale. Une station pourra ainsi choisir de changer sa grille de programme et diffuser la version double durée ou bien de diffuser les deux parties en commençant la diffusion une semaine plus tôt ou une semaine plus tard. Ces deux versions ne sont pas complètement identiques. Comme leurs durées totales doivent être égales, des scènes sont coupées lors du montage de la version en deux épisodes pour faire de la place au générique supplémentaire. De plus, pour que la première partie se termine à un endroit « convenable », certaines scènes peuvent être montées dans un ordre différent. Financièrement, le network et le studio finançant une série ne sont pas dans la même situation. Le network reçoit de l'argent dû à la vente des créneaux publicitaires revendus à des annonceurs. Plus la série a du succès, plus le prix des emplacements publicitaires augmente et donc plus le network s'enrichit. La cause de l'arrêt d'une série est donc en général la baisse de l'audience et le désintérêt des annonceurs.

Par contre, en syndication, le studio vend à un prix forfaitaire sa série à une station locale qui récolte pour son propre profit l'argent des annonceurs. Si la série a du succès, ce sont les stations qui s'enrichissent, pas le studio. Cela peut amener à des situations curieuses, comme l'arrêt en plein succès de la série Star Trek, the Next Generation. Les séries suivantes sont, ou ont été, diffusées directement en syndication : Babylon 5, Baywatch (Alerte à Malibu), Star Trek Deep Space Nine, Star Trek, the Next Generation, Tarzan, the Epic Adventures, Xena. La séparation entre ces deux types de production n'est pas hermétique. Le studio Paramount par exemple produit actuellement deux séries Star Trek, l'une pour un network, Star Trek Voyager, et l'autre pour la syndication, Star Trek Deep Space Nine. Quant à Baywatch, après la décision du network d'arrêter tout financement, la série a trouvé un moyen de survivre grâce à des chaînes européennes et est maintenant diffusée en syndication.