Chapitre 3. La société déformée

Si le politique au sens classique du terme n’est pas le sujet de ces séries, par quoi est-il remplacé en leur sein ? L’ordre institutionnel est visiblement évincé par la définition de la société affirmée lors du déroulement des récits réalistes, une société d’où le politique est absent, soit, mais cela ne suffit pas à caractériser l’ordre social fictionnel, susceptible d’influencer la formation des jugements politiques et sociaux des individus, téléspectateurs d’un monde naturalisé, normalisé.

Ce sont ces espaces privés et publics, intimes et collectifs, que nous devons tenter maintenant d’analyser, en insistant d’abord sur les « absences » démographiques caractéristiques de tels programmes de fiction, la façon dont la population réelle est remaniée par les scénaristes, tout comme l’appartenance de classe qui transforme à l’écran une société diversement constituée en société de classes moyennes. Nous parlerons enfin de l’invisibilité des actions collectives dans ses séries, comme celle des institutions sociales classiques, les individus se réfugiant alors dans des structures familiales ou professionnelles, derniers remparts contre l’implacable réalité.