1) Sur les questionnaires Séries et Politique

  • Un peu moins de la moitié des personnes interrogées (43%) portent de l’intérêt aux séries et pas au politique. Cela confirme les hypothèses de départ avant enquête, mais on s’aperçoit aussi que ce groupe est constitué en majorité de femmes (51 pour 29 hommes), de célibataires (hommes et femmes en majorité), et qu’il est le plus jeune des quatre groupes en moyenne (23,97 ans). Le niveau culturel n’est pas très élevé, comme le niveau de CSP. Au total, 68,3% des personnes interrogées ne portent pas d’intérêt à la politique, tandis que 60% des personnes interrogées portent de l’intérêt aux séries. Ainsi, le groupe qui comprend le moins de personnes est celui des individus qui portent de l’intérêt à la politique et pas aux séries.
  • Les hommes sont plus nombreux dans les groupes qui ne portent pas ou peu d’intérêt aux séries télévisées : ils sont 63,8% dans le groupe S-P-, et 70,3% dans le groupe S-P+. À l’inverse, les femmes sont plus nombreuses dans les groupes qui portent de l’intérêt aux séries : elles composent à 63,75% le groupe S+P-, et à 53,12%, le groupe S+P+. Les hommes sont le plus souvent célibataires parmi ceux qui ont été interrogés lors de cette enquête par questionnaire.
  • Il convient parallèlement de constater que la moyenne pour l’intérêt porté à la politique est le plus bas comme le plus haut dans les groupes où l’intérêt porté aux séries est négatif. Ainsi, ceux qui ne portent pas d’intérêt aux séries, portent le plus (S-P+ : 112,41/150) ou le moins (S-P- : 40,74) d’intérêt à la politique.
  • À partir de la question touchant à l’homme politique vivant (ou non) dont elles se sentent le plus proches, les personnes interrogées ont cité à 67% une personnalité politique apparentée à la droite (les préférences vont à Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Dominique de Villepin, ou au Général de Gaulle, Tony Blair est aussi souvent cité, Jacques Chirac l’est moins) et à 33% une personnalité de gauche (François Mitterrand, Olivier Besancenot et Ségolène royal sont fréquemment citées, comme le président brésilien Lula ou José Bové).
  • Les individus qui portent de l’intérêt au politique possèdent un niveau culturel et un niveau de CSP plus élevé que ceux qui portent de l’intérêt aux séries. Les deux groupes représentants ces individus (S-P+, S+P+) comptent en effet en majorité des profils d’hommes et de femmes aux niveaux culturels élevés ou bons, aux niveaux de CSP élevés ou bons.
  • Certaines personnes interrogées dénoncent la « standardisation » des modèles présentés à l’écran dans les séries américaines, et pourtant ces mêmes personnes disent éprouver du plaisir à les regarder. C’est, notamment le cas de Pierre, du groupe S+P+. Il fait partie d’une association politique étudiante, le traitement de la réalité par les séries le fait « flipper » selon ses propres termes, mais il demeure malgré tout un fidèle téléspectateur de Friends ou d’Urgences. Néanmoins, la majorité des interviewés qui n’apprécient pas les séries les évitent systématiquement.
  • Il y a beaucoup de cas de personnes interrogées qui se disent « réconfortées » par les séries, qui y puisent un réel plaisir, de vraies émotions, pas un simple passe-temps. C’est notamment le cas de Damien et Juliette, du groupe S+P-. Le premier s’occupe d’un forum Internet consacré à la série 24, il ne se dit « pas prêt à décrocher », et « très lié au sort des personnages », tandis que la seconde compare son mari à Ross, un des personnages de la série Friends, et voudrait ressembler à Rachel, un autre de ces personnages. Les individus qui aiment les séries les regardent par simple divertissement ou par passion. Les uns appellent leurs chats comme un héros de série (le chat d’Hélène, du groupe S+P-, Carter en référence au personnage d’Urgences), d’autres calquent leurs goûts sur ceux des héros à l’écran : Florian, du groupe S+P- nous dit par exemple avoir choisi sa profession (assistant funéraire) après avoir regardé le pilote, puis la première saison de Six Feet Under, ce qui est assez troublant. Le mot « accro » est d’ailleurs souvent utilisé pour qualifier la relation des individus interrogés aux séries, et le mot « identification » intervient en majorité à propos des intrigues amoureuses développées dans les scénarios. Quand ceux-ci parlent d’amour, les personnes interrogées qui portent de l’intérêt aux séries se sentent en majorité « concernées » par l’histoire qui leur est proposée.
  • Les deux-tiers des personnes interrogées pensent que la télévision ne peut pas les influencer politiquement. Il y a donc environ un tiers (31%) des questionnés qui ont répondu oui à la dernière question du test consacré à la politique. Ces derniers sont répartis en majorité dans les groupes où l’intérêt pour le politique est le plus faible, soit les groupes S+P-, et S-P-. Quand des individus appartenant aux groupes S+P+ ou S-P+ pensent que la télévision est susceptible de les influencer politiquement, ils enclenchent à la suite de leur réponse une réflexion plus approfondie que les autres groupes pour préciser que la télévision est le principal moment où ils ont accès à des informations politiques en dehors de la radio ou des journaux, qu’ils fréquentent peu. Ces moments politiques les « aident » à mieux cerner les enjeux et les candidats lors de « batailles » électorale et peuvent ainsi les influencer dans leur choix politique le cas échéant.
  • 98 % des personnes interrogées disent ne pas penser à la politique en regardant les séries implicitement politiques. Les 2% restants appartiennent exclusivement au groupe S-P+. Ils tiennent un discours critique sur les séries qui leur sont proposées et n’arrivent pas à les regarder sans faire intervenir une réflexion politique les concernant.