F) Sur le profil des candidats à l’enquête par entretiens individuels

Il s’agit d’un groupe de 67 personnes, soit près de 34% du total des personnes interrogées par questionnaire, ce qui représente un taux élevé de réponses positives. Ce taux peut en partie s’expliquer par le déroulement des débats autour de l’enquête par questionnaire, avec des interviewés se comportant à la fois de manière affective et réflexive, en s’impliquant réellement dans les réponses. Instrument du quotidien, la télévision se rapproche de l’intime et devient un sujet sensible de discussion, car abordable par tous. Le constat est le même pour la politique, même si l’on peut noter ici une véritable manque de confiance en les institutions et la classe politique en général.

Voici les caractéristiques des 67 personnes de ce groupe :

En comparaison avec le groupe initial de 186 personnes interrogées par questionnaires, ce groupe de personnes souhaitant poursuivre l’entretien compte un peu plus de femmes, un niveau culturel plus élevé, un niveau de CSP à peu près égal mais une population active occupée plus importante. Ce groupe compte aussi plus de personnes en couple, il est en moyenne un peu plus âgé que le groupe initial, et passe plus de temps horaire par jour devant la télévision.

Ces personnes retenues pour l’enquête par entretien après visionnage d’un épisode de série américaine se sont toutes très investies dans les réponses qu’elles ont données lors du questionnaire. Elles étaient intéressées pour poursuivre la discussion, par le sujet des séries américaines d’une part, et de leur lien avec la politique d’autre part. Celles et ceux qui ont répondu plus succinctement, avec moins d’ « enthousiasme », ou qui n’avaient vraiment rien à dire sur les séries n’ont pas souhaité continuer.

On pourrait tirer de cette affirmation que seuls ceux ou celles qui ne sont pas intéressés par les séries et/ou la politique se sont portés volontaires pour participer à l’enquête par entretien. Or, et nous le vérifierons dans les entretiens, ce n’est pas parce que les individus ne portent que peu ou pas d’intérêt pour la politique, pour les séries qu’ils n’ont pas d’enthousiasme à partager leur point de vue. Parmi les personnes avec qui l’enquête par questionnaire s’est poursuivie en discussion autour d’une table, ou dans la rue, certains ne supportaient ni la politique, ni les séries, et auraient pu converser sur le sujet pendant de longues minutes encore.

Nous nous retrouvons a fortiori avec un échantillon de personnes assez proche de celui que nous avions constitué pour les questionnaires, ce qui va nous faciliter la tâche en quelque sorte puisque nous pourrons approfondir les profils-type à l’intérieur des groupes et dans les pratiques télévisuelles. Nous essayerons ainsi de mieux évaluer la résistance aux messages des personnes entretenues et de mettre au jour les différentes formes de contribution des séries américaines à la formulation des jugements politiques, les manières dont les individus se servent de la fiction pour nourrir, renforcer et/ou modifier leurs représentations politiques.