Kim, F/27 – Journaliste d’Entreprise/Ecole de journalisme/en couple

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C’est un peu comme des contes pour adultes. Des contes où l’enfance n’aurait pas disparu.Ally McBeal est très gamine, comme les filles de Sex And the City. C’est une réaction à la dureté de la réalité.

Entretien

A) Qu’est-ce qui, selon vous, dans cet épisode, s’éloigne le plus indiscutablement de la réalité ?

Le côté profondément humain de tous les membres de la Maison-Blanche, leur patience, leur gentillesse, leur remise en cause personnelle « quand Léo est désolé auprès de Rakim », qu’ils acceptent de perdre du temps avec des lycéens alors que le pays est attaqué, ce n’est pas très réaliste.

B) Y a-t-il un personnage de la série qui vous paraît plus caricatural que les autres ?

Rakim Ali, il est arabe, pratiquant, ils sont tous caricaturaux quelque part mais lui particulièrement. Léo est trop américain qui veut défendre son pays et ses valeurs (faire conduire les saoudiennes), caricatures de l’Américain interventionniste.

C) Pensez-vous que le discours mis en scène dans cet épisode se rapproche des idées d’un parti politique existant aux USA et/ou dans le reste du monde ?

Oui, je ne connais pas parfaitement la politique US, ce n’est pas Bush, la série parle pluralisme et multi-culturalisme, mais aussi discours sécuritaire, on voit ces idées en France et GB en Europe… ne se rapproche pas d’un parti en particulier pour moi, d’un côté on enlève une liberté individuelle (soupçon envers les Arabes), et aussi tendance de gauche socialiste. Les idées sont celles de plusieurs partis politiques, mises ensemble, à la fois ouvert sur le monde et conservateur.

D) Etes-vous en accord avec les arguments développés par chacun des personnages de la série en matière de politique intérieure et extérieure ? Si non, quelles sont vos divergences ?

Je suis assez en accord avec les explications qui tendent à trouver les mots justes pour définir les mots justes. C’est le premier… Josh… qui essaie de ne pas faire d’amalgames, il spécifie bien les tenants et aboutissants de cette histoire. Je ne suis pas en accord pour les amalgames rapides : Toby qui met juif et terroristes ensemble, cela noie le poisson, je n’adhère pas vraiment au discours « gentils méchants », trop simplistes. Charlie, le petit black, lui est assez juste avec les gangs, c’est vrai sur le manque de reconnaissance. Pour Cj Cregg, pro-espionnage, il faut faire attention aux libertés individuelles. Je pense qu’il faut un travail de fond, il ne faut pas jouer seulement la carte de la surveillance et de la sanction après. J’aime beaucoup le discours de la femme du président. Autre dimension amenée par elle, ni politique, ni historique, ni social, c’est pris comme une légende, conte des origines, avec la morale des frères qui s’entretuent, cela résume assez bien la situation.

E) Pourriez-vous voter pour une équipe présidentielle semblable à celle mise en valeur dans cet épisode de « The West Wing » si celle-ci se présentait à une élection dans la réalité ?

Évidemment ils sont tous beaux, intelligents, ils ont tous une grande idée des valeurs humaines… mais ils se laissent emporter comme Léo et je n’aurais pas envie de les laisser prendre une décision dans les situations de crise, ils ont des préjugés et des soupçons qui n’ont pas lieu d’être. Je voterai pour une équipe comme ça si tout va bien dans le pays.

F) Cet épisode montre bien le caractère pédagogique insufflé par les créateurs de la série. Qu’avez-vous retenu de cet épisode ? A-t-il changé quelque chose à votre vision de la politique ? Une telle fiction politique est-elle, à votre avis, imaginable en France ?

Non. Si elle est imaginable, elle serait encore moins crédible que celle-ci. On voit mal Chirac ou ses ministres tenir des discours comme ça dans la réalité en cas de crise, donc pas crédible en fiction. Ça marcherait pas, on a pas une vision fictionnelle de notre politique ici, les USA ont des présidents sulfureux, assassinés, Reagan, président acteur, passage de star à président qu’il n’y a pas en France, ces présidents-la peuvent engendrer des films, en France ce ne sont pas des stars. (Guédiguian/ Mitterrand, le président le plus « fictionnel » qu’on a eu, plus que de Gaulle). Nos présidents ne sont pas mystérieux, pas assez charismatiques (pas JFK)

G) Quelles sont les différences entre votre vision des hommes politiques et celle développée dans le cadre de cet épisode par les scénaristes de « The West Wing » ?

Dans la série, ils paraissent très proches de leurs concitoyens et on peut les confondre réellement avec un citoyen lambda, l’équipe rassemble presque tous les types sociaux et religieux, les couches ethniques sont bien représentées. En France, dans le gouvernement, il n’y a pas vraiment de non catholiques dans les hauts placés.

H) Si les élections présidentielles françaises, prévues pour 2007, se déroulaient aujourd’hui, quel homme politique serait votre favori pour remporter le scrutin national ?

Aucune idée, je pencherais plus pour Ségolène Royal si elle se présenterait, une femme socialiste.

I) Pouvez-vous imaginer une influence quelconque de cette série américaine sur l’opinion publique, américaine ou française ? Vous a t-elle influencée politiquement ? Développez s’il vous plaît.

Je ne sais pas si c’est une série populaire, je n’ai pas assez d’éléments pour répondre à ça. Je ne pense pas qu’elle soit populaire comme un talk show ou une émission plus à scandales. C’est une série assez réaliste sur les clivages en politique américaine, la carte politique est respectée, on est plus ici chez les démocrates, les idées des partis sont assez bien répétées, cela va prêcher les convertis.

J) Existe-t-il un programme télévisuel qui vous semble plus à même de contribuer à l’éducation politique des téléspectateurs ? Si oui, lequel ?

La culture politique des institutions et des organisations, oui, c’est une bonne série, elle est bien pour l’éducation politique. J’aime bien Ripostes, sinon, sur France 5. Elle permet de discuter plus largement des problèmes politiques, elle rassemble plusieurs domaines.

K) La télévision joue-t-elle, à votre avis, un rôle d’éducateur en matière politique ? Comment s’y prend-elle alors ?

La télé a un rôle à jouer, mais elle ne s’y prend pas bien, elle a un rôle énorme aujourd’hui, cela devrait être plus un échange de savoirs, de données à mettre en commun, comme les mythes. Star Academy c’est des gens normaux, cela ne donne pas de modèle de vie aux gens, on peut s’en inspirer, mais il n’y a pas de deuxième lecture dans ces émissions, cela divertit beaucoup, mais pas de réflexion. La télé ne nous élève pas. Elle est plus un prêcheur politique qu’un éducateur (sauf peut-être Arrêt sur images).

L) D’une manière générale, le réalisme à la télévision vous semble-t-il dangereux pour le regard des spectateurs?

La distinction entre un reportage, un documentaire et la fiction ne se fait plus. Ce sont des domaines particuliers, différenciés par le récit. Il ne faut pas prendre les faits pour argent comptant, ces fictions ne sont pas la réalité, c’est là où c’est dangereux, si les gens ne font plus la distinction entre réalité et fiction.