Clément, H/25 – Professeur/CAPES/marié

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On peut apprendre pas mal de choses avec elles. Il y a beaucoup de situations de vie courante, de quotidien, que l’école, par exemple, n’est pas vraiment en mesure d’expliquer. Les amours, les amitiés, une sorte de sens de la vie, très présents dans les récits, c’est pour cette raison qu’on doit s’y attacher plus qu’on ne devrait.

Entretien

A) Qu’est-ce qui, selon vous, dans cet épisode, s’éloigne le plus indiscutablement de la réalité ?

L’attention portée aux enfants, je m’explique : si l’un de nos « chefs » était coincé dans une cafétéria avec une classe de lycée, il passerait son temps au portable ou avec ses conseillers pour comprendre l’attentat ou la tentative d’attentat qui vient juste de les toucher. Cela paraît assez irréaliste de jouer au professeur dans ces cas-là. C’est encore plus juste qu’on apprend dans l’épisode que l’équipe du président a déjà été victime d’une fusillade, ils devraient donc être effrayés à l’idée d’être visés à nouveau.

B) Y a-t-il un personnage de la série qui vous paraît plus caricatural que les autres ?

Le plus professeur d’entre eux donc, le premier, celui qui déploie toutes ses forces pour essayer de faire comprendre. C’est étrange, à la fois c’est intéressant d’expliquer via la télévision les affaires politiques et c’est aussi troublant de réalisme, on est dans un univers qu’on comprend et les personnages prennent des postures assez différentes de la réalité, vous me comprenez ?

C) Pensez-vous que le discours mis en scène dans cet épisode se rapproche des idées d’un parti politique existant aux USA et/ou dans le reste du monde ?

Il s’agit évidemment du parti démocrate, peut-être plus proche de Gore que de Kerry. Dans le reste du monde on peut rapprocher ces idée des travaillistes anglais je pense, peut-être aussi des socialistes espagnols, je ne sais pas. En France, disons que cela ressemblerait à un discours centriste.

D) Etes-vous en accord avec les arguments développés par chacun des personnages de la série en matière de politique intérieure et extérieure ? Si non, quelles sont vos divergences ?

Le discours de l’équipe est très humaniste, un peu libéral aussi, je me retrouve plus dans le côté « humaniste », j’aime bien l’analogie entre le Ku Klux Klan et les intégristes, celle avec les nazis est un peu poussée par les cheveux, et l’hymne aux prouesses nationales est un peu écoeurant. C’est très américain tout ça, je ne me sens pas vraiment en phase avec tout ce qui est dit, c’est mon côté européen.

E) Pourriez-vous voter pour une équipe présidentielle semblable à celle mise en valeur dans cet épisode de « The West Wing » si celle-ci se présentait à une élection dans la réalité ?

Oui, je voterai bien pour des gens si « mesurés », cela change des emportements grossiers de types comme Sarkozy ou même du silence de Chirac. Ils sont un peu « too much », quand même, en tout cas si vous connaissez ce genre de types dans votre quartier, faites-moi signe à nouveau, je me ferai un plaisir de voter pour eux.

F) Cet épisode montre bien le caractère pédagogique insufflé par les créateurs de la série. Qu’avez-vous retenu de cet épisode ? A-t-il changé quelque chose à votre vision de la politique ? Une telle fiction politique est-elle, à votre avis, imaginable en France ?

Je ne crois pas qu’on puisse faire ce type de série en France, trop de moyens, pas assez de personnes concernée, pas assez de « citoyens », les grosses chaînes ne prendraient pas le risque, c’est mon avis. Il ne faut pas désespérer, c’est très agréable de voir et d’entendre des choses intéressantes devant son petit écran, c’est moins niais que les séries plus « adolescentes » qui sont déjà importantes pour apprendre les règles de l’amour ou de l’amitié. Cela devrait remplacer le cours d’éducation civique, même si c’est américain, ça parle du pouvoir, enfin, j’en ai l’impression.

G) Quelles sont les différences entre votre vision des hommes politiques et celle développée dans le cadre de cet épisode par les scénaristes de « The West Wing » ?

Les hommes politiques, selon moi, vivent dans un autre monde, autant social que culturel. Ils ne sont pas proches des électeurs. Ceux de « Maison-Blanche » veulent le dialogue et la compréhension, c’est l’inverse. Même des gens comme Montebourg ou Mélenchon, censés représenter le peuple, n’atteignent pas la cheville de ces « héros ». On sent qu’il ne vont pas tarder à tomber dans des magouilles, pas les héros. (Il se met à rire). Je ne pensais pas que je dirais un jour du mal de Montebourg. Je l’aime bien. Je l’aimais bien. Il faut que j’arrête de voir le bien partout. C’est comme ça qu’on avance, non ? Je deviens un spécialiste.

H) Si les élections présidentielles françaises, prévues pour 2007, se déroulaient aujourd’hui, quel homme politique serait votre favori pour remporter le scrutin national ?

Je ne sais pas. Je pense que Fabius peut mener une campagne intelligente, tout comme Delanoë. Je n’aime pas Hollande et j’ai peur de Sarkozy, bref, je suis assez normal.

I) Pouvez-vous imaginer une influence quelconque de cette série américaine sur l’opinion publique, américaine ou française ? Vous a t-elle influencée politiquement ? Développez s’il vous plaît.

Une influence ? Oui, je pense en tant que professeur que si on s’habitue à ce type de série, on devrait porter un intérêt croissant à la politique, presque sans s’en rendre compte. On voit défiler des explications des descriptions d’informations qui concernent les organisations au pouvoir, on apprend des choses et on réfléchit, on devrait donc être en mesure de retenir. S’il y a une influence, je pense à celle-ci, plus d’intérêt et de compréhension pour la choses politique, c’est déjà pas mal. Elle est beaucoup regardée en France ?

J) Existe-t-il un programme télévisuel qui vous semble plus à même de contribuer à l’éducation politique des téléspectateurs ? Si oui, lequel ?

L’émission de France 2, 100 minutes pour comprendre est pas mal. C’est un peu pro-invités, celui qui vient parler en ressort souvent blanchi et avec une nouvelle virginité. Sinon, je ne vois pas trop.

K) La télévision joue-t-elle, à votre avis, un rôle d’éducateur en matière politique ? Comment s’y prend-elle alors ?

Elle s’y prend comme ça, mais je ne savais pas que ce type de programme existait. Je vous ai déjà dit que je pensais que la télé éduquait les jeunes au niveau amoureux et social, Star Academyou la Nouvelle Star, en fin la télé-réalité montre des hordes de jeunes auxquels il est facile de s’identifier. Les journaux nous éduquent aussi d’une certaine manière, les journaux de TF1 nous donnent à voir une information guidée par des besoins commerciaux, on est plus « nourris » qu’éduqués.

L) D’une manière générale, le réalisme à la télévision vous semble-t-il dangereux pour le regard des spectateurs?

Ça fait un peu peur, aucun doute là-dessus, la banalité des situation et des dialogues à la télévision frisent la bêtise et le manque de dignité humaine, j’espère que ce n’est pas dangereux, mais bon, si une série peut influencer au niveau de l’intérêt pour le monde politique, elle peut aussi influencer l’intérêt pour la bêtise et le manque de dignité humaine.