Julien, H/25- Magistrat Stagiaire/ maîtrise/ en couple

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Les séries me divertissent bien. Elles sont de plus en plus agréables à regarder. Elles ne sont pas assez réalistes pour nous tromper, aucun doute possible. Le vrai monde ne ressemble en presque rien à tout ce que nous montre la télévision.

Entretien

A) Qu’est-ce qui, selon vous, dans cet épisode, s’éloigne le plus indiscutablement de la réalité ?

Le traitement de la crise. Ils sont tous très calmes, on se croirait presque dans un cours normal. Une suite d’interventions nuancées et intelligentes. Ils sont aussi de très bons communicants. Imaginez une crise à l’Élysée pendant que des étudiants visitent le bâtiment. Les directeurs de cabinet ne viendraient pas leur expliquer le pourquoi du comment, on les rassemblerait dans un sous-sol avec un service de sécurité et rien d’autre.

B) Y a-t-il un personnage de la série qui vous paraît plus caricatural que les autres ?

Je ne comprends pas vraiment l’intérêt de l’intervention du jeune noir, l’assistant du président, il n’a visiblement pas les mêmes compétences politiques que ses collègues de travail, son rôle est forcé, comme pour apaiser les besoins de quotas de la série. Même réflexion pour le juif qui parle des nazis. Cela n’est pas très crédible.

C) Pensez-vous que le discours mis en scène dans cet épisode se rapproche des idées d’un parti politique existant aux USA et/ou dans le reste du monde ?

Je dirais que les démocrates américains pourraient se retrouver dans un tel discours. Mais ça s’arrête là, c’est une série qui est construite autour du besoin de faire de l’audience, et dans ce cas de faire de l’audience avec un sujet nouveau et bien traité. C’est efficace, les acteurs choisis sont très bons,

D) Etes-vous en accord avec les arguments développés par chacun des personnages de la série en matière de politique intérieure et extérieure ? Si non, quelles sont vos divergences ?

Je ne suis pas en désaccord avec ce qui est dit dans l’épisode, c’est difficile de ne pas être en accord d’ailleurs, on passe pour un nazi ou un terroriste, c’est ce qui est effrayant quand on y pense.

E) Pourriez-vous voter pour une équipe présidentielle semblable à celle mise en valeur dans cet épisode de « The West Wing » si celle-ci se présentait à une élection dans la réalité ?

La fiction reste la fiction. Il est inimaginable de trouver de tels hommes politiques dans la réalité. C’est la morale de l’histoire. La morale du divertissement. C’est dans le divertissement que vous trouverez le monde qui vous intéresse. Le monde réel est trop dur et implacable, il n’est pas idéal. Vous m’avez montré pendant une heure des hommes politiques « idéaux », des êtres humains « idéaux » aussi, qui se repentent et qui doutent, mais qui finissent toujours par gagner. C’est répétitif, mais on se laisse prendre avec plaisir, c’est dans notre nature.

F) Cet épisode montre bien le caractère pédagogique insufflé par les créateurs de la série. Qu’avez-vous retenu de cet épisode ? A-t-il changé quelque chose à votre vision de la politique ? Une telle fiction politique est-elle, à votre avis, imaginable en France ?

Non. En France, on oscille entre les séries de TF1 type Julie Lescaut, tellement en dehors de la réalité qu’il faudrait d’ailleurs les poursuivre pour mensonges aggravés, et les séries de service public, pauvres dans tous les sens du terme et destinées à un public familial tendance à la retraite.

G) Quelles sont les différences entre votre vision des hommes politiques et celle développée dans le cadre de cet épisode par les scénaristes de « The West Wing » ?

J’ai une vision des hommes politiques très respectueuse. Ils font un travail difficile dans le système dans lequel nous sommes. Les citoyens leur demandent de changer le monde, ce qui n’est pas dans leurs moyens. Ils servent le système qui les abrite. On demande trop à la politique, ils sont des hommes comme les autres, la série montre des héros.

H) Si les élections présidentielles françaises, prévues pour 2007, se déroulaient aujourd’hui, quel homme politique serait votre favori pour remporter le scrutin national ?

Quelqu’un comme Bayrou est susceptible de me plaire, mais je trouve cette question assez indiscrète. J’en reste là, quelqu’un comme Bayrou.

I) Pouvez-vous imaginer une influence quelconque de cette série américaine sur l’opinion publique, américaine ou française ? Vous a t-elle influencée politiquement ? Développez s’il vous plaît.

Je ne pense pas que la série puisse influencer quelqu’un, sauf peut-être celui qui veut se lancer dans une carrière politique ou les fans de « politique en général. Ce qui fait bien peu de monde aujourd’hui n’est-ce pas ?

J) Existe-t-il un programme télévisuel qui vous semble plus à même de contribuer à l’éducation politique des téléspectateurs ? Si oui, lequel ?

La chaîne de télévision France 5 est un embryon de ce que pourrait être la télévision si elle venait à décider de jouer un rôle d’éducateur, comme vous dites. Certains programmes de France 5, notamment le soir, rentreraient dans cette catégorie. Comme les documentaires politiques d’Arte, il vient justement d’y en avoir deux successifs sur les conseillers politiques des présidents, ceux qui jouent les éminences grises, très intéressant.

K) La télévision joue-t-elle, à votre avis, un rôle d’éducateur en matière politique ? Comment s’y prend-elle alors ?

Je viens de vous répondre. Il arrive cependant que les journaux d’informations, du service public notamment, se mettent expliquer sur le fond le fonctionnement de certaines institutions ou manifestations politiques. Ils ratissent large et peuvent ainsi jouer un rôle au niveau de l’éducation.

L) D’une manière générale, le réalisme à la télévision vous semble-t-il dangereux pour le regard des spectateurs?

Non, la télé-réalité n’est pas dangereuse. Elle est idiote, oui, mais pas assez pour représenter un danger. Les séries sont « vraisemblables », mais les spectateurs ne sont pas dupes, ils s’amusent et ils oublient en regardant tout ça.