Laurence F/28 – Administrateur de biens/DESS/mariée

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J’ai réussi à mettre mon homme devant la télé grâce aux séries. Le dimanche soir, c’était Urgences. Maintenant, le jeudi, c’est Alias. Le week-end dernier, on a loué le début de la deuxième saison de 24H. Vivement la prochaine.

Entretien

A) Qu’est-ce qui, selon vous, dans cet épisode, s’éloigne le plus indiscutablement de la réalité ?

Tout et rien à la fois. C’est une série américaine, c’est construit et écrit par des professionnels. Rien n’est vrai puisque adapté à l’écran et en même temps on sait l’appétit des producteurs à plonger dans un univers et dévoiler ses codes aux téléspectateurs (un peu comme la médecine pour Urgences, ou les pompes funèbres pour Six Feet Under, et la mafia pour les Soprano).

B) Y a-t-il un personnage de la série qui vous paraît plus caricatural que les autres ?

Il est vrai que le personnage d’Ali, c’est ça ? Eh bien, Ali est un peu caricatural, il ressemble à l’irakien dans « Lost », des gars beaux et sûrs d’eux qui sont soupçonnés par leur entourage seulement à cause de leurs origines. Le public aime les caricatures, il se reconnaît forcément dans un ou plusieurs des héros et le tour est joué, on ne va pas bouder son plaisir. Je vois ça comme un jeu. Plus le jeu est bien, plus on y joue.

C) Pensez-vous que le discours mis en scène dans cet épisode se rapproche des idées d’un parti politique existant aux USA et/ou dans le reste du monde ?

Martin Sheen a défilé sous la bannière « démocrate » lors des dernières élections américaines. Je pencherai (rires) donc pour le clan démocrate. Je ne vois pas de comparaison française, il faudrait que Bayrou se décide enfin à dire qu’il est de gauche, alors nous verrons…

D) Etes-vous en accord avec les arguments développés par chacun des personnages de la série en matière de politique intérieure et extérieure ? Si non, quelles sont vos divergences ?

Difficile de ne pas être d’accord. J’avoue que je ne m’étais jamais vraiment interrogée en public sur le terrorisme en général. On en parle beaucoup à la télévision, surtout depuis le 11 septembre, j’ai bien quelques idées, mais c’est la première fois que j’en parle comme ça (elle sourit). Faut dire que la série nous pousse à prendre position  Le terrorisme est mauvais et nous allons nous battre pour l’éradiquer, tout cela est consensuel mais classique. On est quand même un peu loin et c’est tant mieux des séries conservatrices comme 7 à la maison avec le père pasteur ou JAG la série militaire avec les héros aux cheveux ras.

E) Pourriez-vous voter pour une équipe présidentielle semblable à celle mise en valeur dans cet épisode de « The West Wing » si celle-ci se présentait à une élection dans la réalité ?

Je voterai certainement pour les plus jeunes qui sont craquants. Encore une fois, je suis persuadée, j’ai fait mon deuil, nous ne connaîtrons jamais de telles élections. Nous continuerons à voter pour le moins pire comme d’habitude et quelque part tant mieux. On garde l’espoir d’un jour meilleur.

F) Cet épisode montre bien le caractère pédagogique insufflé par les créateurs de la série. Qu’avez-vous retenu de cet épisode ? A-t-il changé quelque chose à votre vision de la politique ? Une telle fiction politique est-elle, à votre avis, imaginable en France ?

Pas du tout. Vous imaginez une série qui prendrait place à Matignon ? Les petites habitudes d’un Jean-Pierre Raffarin, la journée heure par heure de François Baroin, je préfère ne rien savoir, et puis on s’ennuierait ferme.

G) Quelles sont les différences entre votre vision des hommes politiques et celle développée dans le cadre de cet épisode par les scénaristes de « The West Wing » ?

Les hommes politiques sont des anti-héros. The West Wing parle des héros en nous, des héros qu’on pourrait avoir, c’est bien différent.

H) Si les élections présidentielles françaises, prévues pour 2007, se déroulaient aujourd’hui, quel homme politique serait votre favori pour remporter le scrutin national ?

Aucune idée, j’oscille depuis quelques années entre la gauche et une certaine droite, le centre bien évidemment, j’oscillerai sûrement en 2007. Je voterai pour une femme. Les hommes ont eu leur temps.

I) Pouvez-vous imaginer une influence quelconque de cette série américaine sur l’opinion publique, américaine ou française ? Vous a t-elle influencée politiquement ? Développez s’il vous plaît.

Je ne sais pas si cette série rend aussi bon et humain que ses protagonistes, je sais juste qu’on comprend mieux cet univers politique et ses enjeux. Mon frère la regarde depuis deux ans et il est devenu un fan. Il trouve que c’est la série qui « manquait ». Je vais lui emprunter des dvd.

J) Existe-t-il un programme télévisuel qui vous semble plus à même de contribuer à l’éducation politique des téléspectateurs ? Si oui, lequel ?

Les journaux de TF1 de 13h et de 20h. Pas de doute. Vous voterez pour les mêmes. Dix ans et plus que les sujets ne changent pas, les mêmes hommes politiques sont encensés, c’est l’immobilisme et je trouve ça très éducatif. Il suffit de voir autour de soi. Nous sommes pour le moins immobiles.

K) La télévision joue-t-elle, à votre avis, un rôle d’éducateur en matière politique ? Comment s’y prend-elle alors ?

Cela ne doit pas être son but. Il est temps de réformer l’école, c’est à elle de nous former au monde, de nous apprendre la politique aussi, pourquoi pas ? La télévision ne parle pas du monde, elle divertit, c’est tout, elle détourne. (un peu énervée).

L) D’une manière générale, le réalisme à la télévision vous semble-t-il dangereux pour le regard des spectateurs?

C’est un peu plus triste que dangereux, on nous donne des navets alors on les mange, il n’y a rien d’autre, s’il n’y avait que des bonnes choses, on les mangerait… Les belles séries sont diffusées tard ou sur le câble, les bons films aussi, c’est triste.