Pascale, F/23 – Employée saisonnière/Bac/en couple

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Avec la télé-réalité, les téléspectateurs fuient de plus en plus la mauvaise télévision. Ils veulent de bons programmes et des scénarios mieux construits. Ils veulent de la fiction.

Entretien

A) Qu’est-ce qui, selon vous, dans cet épisode, s’éloigne le plus indiscutablement de la réalité ?

Je ne connaissais pas cette série. Je suis très contente, c’est à voir. Je pensais que ça allait être plus ennuyeux, parler des lois aux Etats-Unis, ce n’est pas très encourageant au départ, et puis on oublie le contexte, c’est assez drôle. Assez noble aussi, dans la présentation, le générique est un peu pompeux, mais on se sent à l’aise, on n’est pas pris pour des imbéciles, ça change aussi. J’ai trouvé ça très réaliste, parler du terrorisme et essayer d’en comprendre les cause, c’est le moment. Le jeune assistant du président, le black, lui, est un peu trop stéréotypé, il nous parle des gangs, mais sinon, je ne vois pas.

B) Y a-t-il un personnage de la série qui vous paraît plus caricatural que les autres ?

Oui, c’est l’assistant comme je vous l’ai dit. La classe des élèves est un peu trop lisse aussi, ce n’est pas l’image des lycées américains qu’on voit d’habitude avec les petits gangsters et les armes, là ils sont en rang deux par deux, ils sont brillants et silencieux.

C) Pensez-vous que le discours mis en scène dans cet épisode se rapproche des idées d’un parti politique existant aux USA et/ou dans le reste du monde ?

La gauche américaine, pas Bush, les autres. La gauche de Kerry, c’est ça ? Je ne m’y connais pas trop en politique américaine, je préfère la France. Oui, c’est aussi un peu comme la gauche française, mais plutôt du courant modéré, Hollande par exemple, oui, sauf qu’Hollande est moins chic dans son costume.

D) Etes-vous en accord avec les arguments développés par chacun des personnages de la série en matière de politique intérieure et extérieure ? Si non, quelles sont vos divergences ?

Oui, je suis en accord avec ce qu’on nous montre. J’ai bien aimé le rapprochement biblique, je ne connaissais pas vraiment, c’est troublant des peuples qui se font la guerre alors qu’ils ont le même sang, c’est fou.

E) Pourriez-vous voter pour une équipe présidentielle semblable à celle mise en valeur dans cet épisode de « The West Wing » si celle-ci se présentait à une élection dans la réalité ?

Oui, sans problème, mais il ne faut pas rêver, nous on va nous proposer Sarkozy, lui il est petit et hystérique. C’est dommage, j’espère que la série va créer aux Etats-Unis des hommes politiques du même acabit, comme ça on pourra en avoir aussi, dix ans après (rires).

F) Cet épisode montre bien le caractère pédagogique insufflé par les créateurs de la série. Qu’avez-vous retenu de cet épisode ? A-t-il changé quelque chose à votre vision de la politique ? Une telle fiction politique est-elle, à votre avis, imaginable en France ?

Je ne sais pas si les gens la regarderaient. Je n’ai pas vraiment de gens qui aiment la politique dans mon entourage. Le référendum nous a beaucoup fait parler entre nous, mais c’était plutôt pour dire non à ce qui existe, enfin c’est comme ça que je le vois. Les politiques disent qu’ils vous écoutent mais ils ne font rien et après, ils voudraient qu’on suive leurs idées, on n’est pas des moutons, on existe aussi.

G) Quelles sont les différences entre votre vision des hommes politiques et celle développée dans le cadre de cet épisode par les scénaristes de « The West Wing » ?

Ils sont beaux et impliqués dans la série. On a l’impression qu’ils jouent leur vie, qu’ils ont dédié leur vie au drapeau, c’est frappant. Ils ont l’air bon et dénués de convoitises personnelles. En France, les hommes politiques ne sont pas nets, ils ont l’air de cacher quelque chose derrière leur sourire, derrière la façade, on ne les croit pas, le cœur n’y est plus. Peut-être que je me trompe.

H) Si les élections présidentielles françaises, prévues pour 2007, se déroulaient aujourd’hui, quel homme politique serait votre favori pour remporter le scrutin national ?

Je trouve qu’Olivier Besancenot ferait un bon candidat, il est jeune et salarié, il nous ressemble, il a envie, c’est rare donc il faut le signaler. Je n’apprécie pas vraiment ses liens avec Laguiller, mais il va se démarquer et c’est presque fait depuis la victoire du non.

I) Pouvez-vous imaginer une influence quelconque de cette série américaine sur l’opinion publique, américaine ou française ? Vous a t-elle influencée politiquement ? Développez s’il vous plaît.

Une influence positive. La série donne envie de voir d’autres épisodes. Je suis sûre qu’un jeune peut se sentir attiré par un monde comme ça. Être au cœur du pouvoir et guider les autres, c’est plutôt enivrant. Bref, je n’imagine pas de mauvaises influences, mais je ne suis pas experte. Moi, la politique me plaît, je trouve que pour une fois elle passe bien à la télévision, je n’apprends pas grand-chose, mais c’est juste bien de la voir mise en valeur, on se sent valorisé aussi 

J) Existe-t-il un programme télévisuel qui vous semble plus à même de contribuer à l’éducation politique des téléspectateurs ? Si oui, lequel ?

Je pense qu’Arte peut jouer un rôle important dans notre éducation politique, il y a des tonnes de documentaires et d’émissions qui décryptent le monde d’aujourd’hui et le pouvoir aussi. J’ai vu beaucoup de portraits d’hommes politiques ou même de périodes historiques, on apprend et puis on comprend beaucoup de choses.

K) La télévision joue-t-elle, à votre avis, un rôle d’éducateur en matière politique ? Comment s’y prend-elle alors ?

On ne fait pas de politique à l’école alors l’éducation politique on la fait par les média, ça me paraît normal. Mais les journaux (papier) semblent plus avoir fait la mainmise sur cette éducation. C’est par les journaux comme Libé, le Monde ou le Figaro qu’on se fait une idée de la politique. La télé ne va pas vraiment en profondeur.

L) D’une manière générale, le réalisme à la télévision vous semble-t-il dangereux pour le regard des spectateurs?

Moi, ce qui me fait peur, c’est la manière dont les gens sont accros à toutes ces conneries de télé-réalité. La réalité, c’est pas dérangeant quand le scénario et les acteurs sont bons, Quand il n’y a ni scénario, ni acteurs, mais des gens comme moi qu’on envoie dans un monde différent et qu’on les filme, il n’y a rien à en sortir. C’est de la banalité, ça ne sert à rien. C’est dangereux oui, la réalité, on la connaît, on aimerait en sortir.