C) S+P-

Anne-Marie, F/21- Sans emploi/Bac/célibataire

S= 90/150 P= 75/150

J’adore Friends et Ally McBeal. Ces séries sont peu réalistes car les héros vivent dans des milieux trop aisés. Friends est une série conviviale, rythmée et drôle, c’est ce qu’on aime des Etats-Unis.

Entretien

A) Qu’est-ce qui, selon vous, dans cet épisode, s’éloigne le plus indiscutablement de la réalité ?

Je ne crois pas que ce soit parce qu’elle est réaliste qu’une série plaît. Enfin, pas pour moi. C’est sûr qu’ils ne font pas très « vrais » ces hommes-là au pouvoir. C’est le rythme qui est important, un peu comme dans Urgences ou NYPD Blue, mes séries préférés, ou Friends, c’est la cohérence du tout et pas vraiment les détails.

B) Y a-t-il un personnage de la série qui vous paraît plus caricatural que les autres ?

Le petit jeune. Celui qui parle des gangs. On se demande ce qu’il fait là entre les « huiles ». Il fait un peu débarqué de sa banlieue, alors ce qu’il dit est aussi un peu caricatural, mais c’est le seul, je trouve, à faire un peu « tache ».

C) Pensez-vous que le discours mis en scène dans cet épisode se rapproche des idées d’un parti politique existant aux USA et/ou dans le reste du monde ?

Si je me base sur la dernière élection, on est plus dans le camp de Kerry que de Bush. Les héros sont très intelligents, ils apparaissent comme les « bons » et dans les médias, on voit plutôt Bush et son équipe comme les « méchants », ceux qui ont fait la guerre à l’Irak, etc…

D) Etes-vous en accord avec les arguments développés par chacun des personnages de la série en matière de politique intérieure et extérieure ? Si non, quelles sont vos divergences ?

Je ne me pose pas la question, si je suis d’accord ou pas, je regarde, je me laisse aller. On attend pas d’une série qu’elle parle d’aujourd’hui, du terrorisme, des Etats-Unis, on attend juste une histoire suffisamment bien foutue pour qu’on aie envie de la suivre pour un moment. Je crois que ça suffit.

E) Pourriez-vous voter pour une équipe présidentielle semblable à celle mise en valeur dans cet épisode de « The West Wing » si celle-ci se présentait à une élection dans la réalité ?

Pour le grand avec des lunettes, sans problème, j’ai déjà vu cet acteur ailleurs, dans Les experts, non ? Les autres, je ne les connais pas assez, pour voter pour quelqu’un il faut le connaître un peu.

F) Cet épisode montre bien le caractère pédagogique insufflé par les créateurs de la série. Qu’avez-vous retenu de cet épisode ? A-t-il changé quelque chose à votre vision de la politique ? Une telle fiction politique est-elle, à votre avis, imaginable en France ?

Une série pour vieux alors, les jeunes ne pourraient pas regarder une série faite avec de la politique, ils s’en foutent suffisamment. C’est le côté « monarchique » de la politique qui les rebute. Je suis sûr que s’ils voyaient des mecs ou des filles comme eux parler de politique, ça serait différent. Le problème, c’est pour que ça arrive, il faut que certains commencent par s’intéresser un peu plus au sujet, ce n’est pas gagné.

G) Quelles sont les différences entre votre vision des hommes politiques et celle développée dans le cadre de cet épisode par les scénaristes de « The West Wing » ?

Je les vois un peu plus rabougris et coincés. Dans la série ils sont décontractés, ils ne prennent pas de pose, c’est l’inverse d’hommes comme Fabius, qui fait semblant d’être jeune ou Raffarin, mais lui il est vieux.

H) Si les élections présidentielles françaises, prévues pour 2007, se déroulaient aujourd’hui, quel homme politique serait votre favori pour remporter le scrutin national ?

Bof, le choix est pas mirifique, je voterai bien pour Besancenot, mais j’hésiterai à voter comme d’habitude. Si je suis encore au « chômedu », je resterai chez moi.

I) Pouvez-vous imaginer une influence quelconque de cette série américaine sur l’opinion publique, américaine ou française ? Vous a t-elle influencée politiquement ? Développez s’il vous plaît.

Non, elle est bien faite, elle a de l’allure, mais elle ne va pas influencer plus qu’une autre. Je ne suis pas influencée moi, je regarde la télé parce que j’aime ça c’est tout, mes amis font la même chose, c’est notre génération. Ma mère n’y comprend rien, mon père il s’en fout. On ne m’a jamais interdit de regarder les séries, on ne m’a jamais dit, « tu vas voir, tu vas être influencée… ». J’aurais regardé quand même.

J) Existe-t-il un programme télévisuel qui vous semble plus à même de contribuer à l’éducation politique des téléspectateurs ? Si oui, lequel ?

Pas à la télé, je ne crois pas. L’éducation politique, c’est tes parents qui s’en occupent. Là, on peut parler d’influence. Mon père est communiste.

K) La télévision joue-t-elle, à votre avis, un rôle d’éducateur en matière politique ? Comment s’y prend-elle alors ?

C’est différent du Figaro ou du Monde. Ce sont ces journaux-là qui te parlent de politique, le problème c’est qu’ils ne sont pas tournés vers les jeunes, ce sont des institutions aussi vieilles que le pouvoir. La télé joue un rôle mineur. Je n’y ai jamais pensé après tout.

L) D’une manière générale, le réalisme à la télévision vous semble-t-il dangereux pour le regard des spectateurs?

Si c’est dangereux, alors je dois être salement abîmée. Avec tout ce que je regarde comme série et comme télé-réalité, mais il n’y a pas de prison pour ça. Il faudrait peut-être que je fasse une cure de « désintox », que je me remette à lire. Mais je trouve les mêmes émotions dans les séries que dans les livres, un monde à part.