Véronique, F/21- Sans emploi/Bac/célibataire

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La politique est déformée par la télévision. C’est un métier assez noble, la politique, au départ, quand la course pour le pouvoir n’est pas commencée. On comprend après que les gens ne quittent plus la télévision. C’est un refuge primaire, douillet, j’avoue me laisser souvent prendre au jeu.

Entretien

A) Qu’est-ce qui, selon vous, dans cet épisode, s’éloigne le plus indiscutablement de la réalité ?

J’ai été gênée par le côté « proche du peuple » des personnages. Dans la réalité, le monde politique est très lointain, ce n’est pas si facile de parler avec lui. C’est un peu « souverains/populace », dans la série c’est maître et élèves. C’est différent.

B) Y a-t-il un personnage de la série qui vous paraît plus caricatural que les autres ?

Aucun, ils sont tous un peu exagérés, mais c’est le boulot de la fiction, sinon, ça serait un simple documentaire. Je ne suis pas sûre qu’ils arriveraient à intéresser les gens avec un simple documentaire.

C) Pensez-vous que le discours mis en scène dans cet épisode se rapproche des idées d’un parti politique existant aux USA et/ou dans le reste du monde ?

J’ai l’impression qu’ils sont de gauche, mais ça s’arrête là. Ils sont de gauche d’après ce que je sais de la gauche française, socialiste.

D) Etes-vous en accord avec les arguments développés par chacun des personnages de la série en matière de politique intérieure et extérieure ? Si non, quelles sont vos divergences ?

Le terrorisme est un exemple délicat. Je ne crois pas aux solutions toutes prêtes. Les gouvernements vont devoir « recevoir » encore pas mal de bombes avant de pouvoir faire quelque chose.

E) Pourriez-vous voter pour une équipe présidentielle semblable à celle mise en valeur dans cet épisode de « The West Wing » si celle-ci se présentait à une élection dans la réalité ?

Je pense, mais ça ne risque pas d’arriver, il faudra du temps avant que des gens aussi jeunes arrivent au pouvoir. Ils ont quarante ans, sauf le président et son secrétaire. Il n’y a pas beaucoup de femmes non plus, je ne sais pas si je voterai pour un gouvernement d’hommes.

F) Cet épisode montre bien le caractère pédagogique insufflé par les créateurs de la série. Qu’avez-vous retenu de cet épisode ? Une telle fiction politique est-elle, à votre avis, imaginable en France ?

C’est possible. Il y a un tel manque de créativité à ce niveau-là, ça laisse pas mal d’ouverture. Si ça marche outre-atlantique, ça devrait pouvoir marcher ici, enfin je suis à peu près certaine que des auteurs et des producteurs y ont déjà pensé.

G) Quelles sont les différences entre votre vision des hommes politiques et celle développée dans le cadre de cet épisode par les scénaristes de « The West Wing » ?

Je n’ai rien contre les hommes politiques. C’est un métier difficile, surtout aujourd’hui, on devient vite un bouc émissaire. On vous met sur le dos les problèmes personnels. Il faut de l’expérience pour ne pas se laisser « bouffer ». les politiques de la série sont encore des jeunots.

H) Si les élections présidentielles françaises, prévues pour 2007, se déroulaient aujourd’hui, quel homme politique serait votre favori pour remporter le scrutin national ?

Pour François Hollande. Il n’a pas la grosse tête. Il a connu des échecs, mais ça sert à grandir. Je pense qu’il a le profil pour 2007, mais ça va être serré.

I) Pouvez-vous imaginer une influence quelconque de cette série américaine sur l’opinion publique, américaine ou française ? Vous a t-elle influencée politiquement ? Développez s’il vous plaît.

(Un long moment. Elle réfléchit). Je ne pensais pas qu’on puisse se poser la question. Si une série est politique ou pas. Là oui, bien sûr. La série peut être politique. Je me suis dit ça pendant qu’on regardait. Moi j’ai toujours su que la télé avait un rôle à jouer dans tout ça. Mais je la regarde quand même beaucoup. Un peu trop c’est sûr, mais là, je vois où vous voulez en venir. Vous voulez mon avis ? Je tente quelque chose. Peut-être que j’ai tort, ça me vient comme ça. On a le temps ? Je pense que si ça peut donner envie de faire de la politique tant mieux, mais je ne sais pas si ça peut marcher. J’ai peur que les gens soient trop repliés sur eux-mêmes, ils sont assez désabusés, c’est ce que je crois, ils se laissent guider. C’est en voyant la série qu’on se dit ça. Il y a des gens qui savent mieux que nous, des hommes politiques, alors pourquoi s’en mêler. Et puis on a trop de problèmes pour s’occuper en plus de la politique. On se sent débarrassés d’un poids en leur laissant. Finalement, ils sont pas si horribles que ça

J) Existe-t-il un programme télévisuel qui vous semble plus à même de contribuer à l’éducation politique des téléspectateurs ? Si oui, lequel ?

J’aime bien l’émission de Christine Ockrent sur France 3, celle qui parle de l’Europe. On essaie de comprendre les enjeux et de faire débattre des politiques qui sont opposés sur les questions, c’est intelligent et bien mené.

K) La télévision joue-t-elle, à votre avis, un rôle d’éducateur en matière politique ? Comment s’y prend-elle alors ?

C’est devenu un peu obligé. On voit bien que les jeunes se fichent de l’école. Ils passent tellement de temps devant la télé, que ça devrait être à elle de leur donner des leçons. Mais il ne faut pas compter sur TF1 ou M6 pour faire quelque chose.

L) D’une manière générale, le réalisme à la télévision vous semble-t-il dangereux pour le regard des spectateurs?

Oui et non. Oui, on voit bien que beaucoup rêvent de passer à la télévision, leur vision de la réalité est transformée, et puis en même temps la vie est assez difficile en ce moment et on ne peut pas lui échapper.