Hélène, F/28 – Etudiante en gestion/Bac/célibataire

S= 135/150 P= 60/150

J’ai appelé mon chat « Carter », comme le médecin d’ER. Je regarde depuis 10 saisons, dix ans ou presque et c’est toujours aussi entraînant. Depuis, je me suis aussi mise à 24 et Six feet under, et Friends, bien sûr.

Entretien

A) Qu’est-ce qui, selon vous, dans cet épisode, s’éloigne le plus indiscutablement de la réalité ?

Tout est assez propre, assez lisse, ça va à contre-courant des dernières séries, qui sont plus crues, plus « sinistres » dans leur genre, là c’est propret, on parle politique entre gens bien, il faut s’y intéresser, c’est normal quand on est un bon « élève ». C’est ce que je crois comprendre de l’épisode que vous m’avez montré.

B) Y a-t-il un personnage de la série qui vous paraît plus caricatural que les autres ?

Dans le tas, peut être que le plus vieux des héros est très schématique. Il est pris de remords après sa condamnation rapide d’un de ses employés, et il revient faire ses excuses, c’est un homme d’honneur, il admet ses erreurs : là, la série tombe dans le sentimentalisme et la caricature ; mais sinon, on passe un bon moment.

C) Pensez-vous que le discours mis en scène dans cet épisode se rapproche des idées d’un parti politique existant aux USA et/ou dans le reste du monde ?

On dirait un camp démocrate, c’est là que la série est « cocasse », je ne sais pas si c’est le bon mot, disons provocatrice. Elle montre comment un gouvernement « bien fait » doit réagir face à des situations. Elle montre comment le pouvoir devrait être administré, a contrario d’un gouvernement réel.

D) Etes-vous en accord avec les arguments développés par chacun des personnages de la série en matière de politique intérieure et extérieure ? Si non, quelles sont vos divergences ?

Les arguments des personnages s’opposent à Bush, alors si on est démocrate, on est forcément d’accord avec leurs conclusions.

E) Pourriez-vous voter pour une équipe présidentielle semblable à celle mise en valeur dans cet épisode de « The West Wing » si celle-ci se présentait à une élection dans la réalité ?

Sans doute que je pourrais voter pour eux, ils sont un peu les « gendres idéaux », américains bien sûr. En France, on se soucie moins du côté patriote et consciencieux des candidats aux élections, je pense que c’est à celui qui occupe le mieux l’espace des médias, et là quelqu’un comme Sarkozy a pas mal de chance de réussir, alors qu’on voit très bien qu’il ne roule que pour lui. C’est paradoxal.

F) Cet épisode montre bien le caractère pédagogique insufflé par les créateurs de la série. Qu’avez-vous retenu de cet épisode ? A-t-il changé quelque chose à votre vision de la politique ? Une telle fiction politique est-elle, à votre avis, imaginable en France ?

Je ne pense pas que le téléspectateur moyen français soit moins bête que le téléspectateur américain. Il a juste moins l’habitude de voir des séries françaises sérieuses et « rondement menées ». Nos séries sont plus « ronflantes » et paresseuses.

G) Quelles sont les différences entre votre vision des hommes politiques et celle développée dans le cadre de cet épisode par les scénaristes de « The West Wing » ?

Je les trouve moins clairs dans la réalité. Regardez l’intervention du président pour le 14 juillet. Il a parlé des problèmes avec une langue de bois terrible, on a l’impression qu’il fait le même discours depuis 10 ans, qu’il nous prend pour des imbéciles, ce qui est un peu l’inverse de la série.

H) Si les élections présidentielles françaises, prévues pour 2007, se déroulaient aujourd’hui, quel homme politique serait votre favori pour remporter le scrutin national ?

Là, comme ça je voterai écolo ou pour Fabius si il a un projet clair et vraiment « socialiste ». il va falloir commencer à y penser. La télé va vite nous le rappeler de toute façon, elle adore ça, nous parler d’une actualité en enfonçant le clou pendant des mois, pendant ce temps des pays crèvent de faim.

I) Pouvez-vous imaginer une influence quelconque de cette série américaine sur l’opinion publique, américaine ou française ? Vous a t-elle influencée politiquement ? Développez s’il vous plaît.

La série doit affûter, le spectateur, je pense, si un spectateur moyen peut la regarder sans s’ennuyer, il peut en voir d’autres du même acabit et devenir accro aux séries plus complexes, plus intelligentes.

J) Existe-t-il un programme télévisuel qui vous semble plus à même de contribuer à l’éducation politique des téléspectateurs ? Si oui, lequel ?

Je pense à Arrêt sur images, qui permet de bien prendre du recul. Il y a aussi l’émission des anciens d’Envoyé Spécial avec un grand écran qui dissèques les événements, souvent politiques de la semaine, on comprend mieux, et on s’éduque aussi à l’image.

K) La télévision joue-t-elle, à votre avis, un rôle d’éducateur en matière politique ? Comment s’y prend-elle alors ?

Justement, je pense que le premier rôle de la télévision serait de nous éduquer aux images, de nous donner des clés et après peut-être mieux nous parler de politique, être plus pédagogique sur la question et former de meilleurs citoyens.

L) D’une manière générale, le réalisme à la télévision vous semble-t-il dangereux pour le regard des spectateurs?

C’est dangereux pour les mêmes raisons, on ne dit pas que c’est dangereux, et on se coltine des heures de bêtise. C’est rageant à la fin, les chefs de chaînes disent devant tout le monde que le but du jeu est de bien faire passer les publicités dans le cerveau de chacun, et tout continue comme ça, personne ne dit rien ; c’est rageant, je vous dis.