Sébastien, H/26, Sans emploi/Licence/célibataire

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Je reviens d’un tour du monde. Partout j’ai vu les gens regarder les mêmes choses à la télévision, les séries aussi. Les plus pauvres aussi. Ils n’ont rien à manger, mais ils ont une télévision, c’est incroyable. Je m’intéresse aux gens, pas aux écrans. Les séries américaines sont pleines d’idéologies nuisibles et de stéréotypes dangereux pour les pays pauvres.

Entretien

A) Qu’est-ce qui, selon vous, dans cet épisode, s’éloigne le plus indiscutablement de la réalité ?

C’est vraiment ignoble. Je vous assure, on dirait une publicité d’une heure pour le pays, pour l’Amérique. Ils n’arrêtent pas d’encenser leur rôle de sauveur du monde. Si on les écoute, ce sont eux qui vont venir à bout du terrorisme, il n’y a qu’eux qui détiennent « la » solution, tout ça parce que chez eux, il y a les hommes les plus intelligents et les plus patriotiques ; le mélange des deux fournit alors les meilleurs hommes politiques du monde, bons et bagarreurs ; je trouve ça incroyable, c’est comme ça dans les autres épisodes aussi ? Je pensais pas que la politique allait aussi mal, j’ai encore moins de respect pour elle après ça 

B) Y a-t-il un personnage de la série qui vous paraît plus caricatural que les autres ?

Pas un plus que l’autre. Je crois qu’on peut tous les mettre dans le même panier. Surtout quand, en plus ils en rajoutent sur le côté multiconfessionnel ; notre pays est grand, il faut que chacun soit représenté ; ça sonne faux.

C) Pensez-vous que le discours mis en scène dans cet épisode se rapproche des idées d’un parti politique existant aux USA et/ou dans le reste du monde ?

Si c’est censé être une attaque contre les équipes de Bush, c’est raté, ils sont aussi détestables. Je n’ai pas l’impression d’être dur, ça me touche physiquement. Je ne crois pas que je suis fait pour regarde la télé, mais quand c’est « programmé » comme ça, je deviens allergique.

D) Etes-vous en accord avec les arguments développés par chacun des personnages de la série en matière de politique intérieure et extérieure ? Si non, quelles sont vos divergences ?

Bien sûr que je veux lutter avec mes moyens contre le terrorisme, mais la meilleure technique c’est la connaissance, et pas la violence. Il faut sérieusement commencer à écouter les pays pauvres et faire marcher la solidarité, il n’y aura plus d’ignorance sur des sujets aussi importants que la religion.

E) Pourriez-vous voter pour une équipe présidentielle semblable à celle mise en valeur dans cet épisode de « The West Wing » si celle-ci se présentait à une élection dans la réalité ?

Hors de question. Dans la série, ils parlent du terrorisme. Je me demande bien ce qu’ils pourraient dire pour le chômage, s’ils ont aussi des équations miracles.

F) Cet épisode montre bien le caractère pédagogique insufflé par les créateurs de la série. Qu’avez-vous retenu de cet épisode ? A-t-il changé quelque chose à votre vision de la politique ? Une telle fiction politique est-elle, à votre avis, imaginable en France ?

La télé est capable de beaucoup de choses. Sérieusement, je ne vois pas comment ils pourraient mettre sur pied une série qui se passe dans le milieu de la politique française, ça risque d’être plutôt comique ; c’est toujours mieux qu’une série agaçante, après tout.

G) Quelles sont les différences entre votre vision des hommes politiques et celle développée dans le cadre de cet épisode par les scénaristes de « The West Wing » ?

Ils sont plus imparfaits et c’est normal. Ils sont moins lisses, moins vertueux, moins amoureux d’idéaux, sauf pour plaire, comme de Villepin ; on le croirait investi d’une mission, c’est sinistre.

H) Si les élections présidentielles françaises, prévues pour 2007, se déroulaient aujourd’hui, quel homme politique serait votre favori pour remporter le scrutin national ?

Chaque chose en son temps. Il faut déjà digérer le non au référendum. Ça aussi, ça met en colère, la façon dont ils nous ont présenté ça, ils nous prennent vraiment pour des cons. J’en veux particulièrement à Chirac, il méritait de dégager. Et il se dit Gaulliste. Il est lâche, c’est sûr.

I) Pouvez-vous imaginer une influence quelconque de cette série américaine sur l’opinion publique, américaine ou française ? Vous a t-elle influencée politiquement ? Développez s’il vous plaît.

C’est le genre de série qui te fait marcher le cerveau à l’envers. Si tu veux apprendre des choses, il faut aller voir sur place, il faut bouger, voyager, rencontrer les gens d’ailleurs. C’est facile à faire. On est souvent accueilli à bras ouverts. Les gens ne sont pas des barbares comme la télé veut bien nous le faire croire. Ils sont simples et humanistes. Ils regardent pas mal la télé aussi, une télé très mauvaise souvent, mais ce n’est pas trop tard pour faire quelque chose.

J) Existe-t-il un programme télévisuel qui vous semble plus à même de contribuer à l’éducation politique des téléspectateurs ? Si oui, lequel ?

Vous trouvez que c’est une série qui éduque politiquement ? Je doute sérieusement d’un tel pouvoir.

K) La télévision joue-t-elle, à votre avis, un rôle d’éducateur en matière politique ? Comment s’y prend-elle alors ?

Dans un monde idéal, la télé serait utilisée à des fins psychologiques. Le monde est comme il est.

L) D’une manière générale, le réalisme à la télévision vous semble-t-il dangereux pour le regard des spectateurs?

C’est dangereux, aucun doute. J’en suis persuadé. Les gens s’ennuient, ils trouvent refuge là-dedans, et ils n’en sortent plus. Ça rend mort avant l’âge.