1.3 La composition démographique spécifique des ménages

Une échelle d’équivalence soigneusement construite indiquerait le nombre d’hommes adultes auquel un ménage est censé équivaloir. La comparaison inter ménages est en effet sensible non seulement à la taille du ménage, mais aussi aux classes d’âge dans lesquelles sont situées ses membres. Ainsi, il est évident qu’à un niveau de revenu identique, le ménage de plus grande taille est considéré comme plus pauvre.

La répartition de la consommation au sein du ménage joue un rôle important dans l’appréhension utilitariste des échelles d’équivalence. D’après Ravallion (1996), la répartition de la consommation entre les membres du ménage dépend de deux éléments :

i) les différences réelles entre les besoins.

ii) le pouvoir de négociation à l’intérieur du ménage.

L’échelle d’Equivalence constitue une solution pour transformer le revenu du ménage x h en une sorte de revenu moyen (revenu du ménage par personne) noté y h comparable pour tous les ménages, tout en utilisant l’information concernant les attributs du ménage Z h .21

Le point de départ est l’équation :

La mesure de e h est obtenue en rapportant la fonction de coûts du ménage h à celle du ménage de référence :

Diverses approches pour estimer e h ont été proposées dans la littérature. La méthode de la part alimentaire, qui s’inspire du modèle d’Engel, reste la plus utilisée. L’idée est que les ménages, dépensant une même part de leur budget consacrée l’alimentation, ont un même niveau d’utilité. En effet, la Loi d’Engel stipule que la part des dépenses consacrées aux produits alimentaires diminue lorsque le niveau de vie du ménage s’améliore.

En supposant la séparabilité de la fonction de coût c (u,p,Z h :

En admettant la normalisation suivante pour le ménage de référence :

Donc nous pouvons écrire :

Lorsque les ménages font face aux mêmes prix, l’échelle d’équivalence est telle que :

Nous rappelons que dans ce modèle la part budgétaire consacrée à l’alimentation est considérée comme le meilleur indicateur de bien-être.

On note w = part alimentaire

P f = vecteur de prix des biens alimentaires

On a :

L’estimation de l’échelle d’équivalence requiert la détermination de la fraction d’augmentation des dépenses nécessaires pour compenser le changement, à la fois, de la taille et de la composition démographique du ménage. La solution économétrique repose sur l’estimation de l’équation:

n h = Taille du ménage h.

A h = Nombre d’adulte dans le ménage h.

K h = Nombre d’enfant dans le ménage h

Si nous supposons que le ménage de référence (h = 0) comporte un couple de deux adultes sans enfant :

Outre l’approche économétrique pour la détermination d’une échelle d’équivalence, on trouve dans la littérature des approches alternatives. Atkinson et Cazes (1990) proposent une large gamme d’échelle d’équivalence s’exprimant sous la forme d’une fonction puissance de la taille des ménages.

L’élasticité d’équivalence (b)- comprise entre 0 et 1- permet de capter des différences de niveau de consommation selon la taille. Elle incorpore aussi l’importance des économies d’échelle : plus b augmente plus les économies d’échelle diminuent.

Nous notons qu’une valeur de b = 0 implique une indépendance des besoins du ménage par rapport à sa taille. Lorsque b = c = 1, les besoins augmentent proportionnellement à la taille, de plus les besoins d’un enfant sont identiques à ceux d’un adulte.

Il reste à signaler que l’estimation de l’échelle d’équivalence est très difficile à mener surtout face à la nécessité d’une information importante. En outre, Cowell et Prats (1999) mettent l’accent sur l’impossibilité de construire une échelle unique. Ce résultat suggère des voies d’investigation cherchant à identifier une échelle d’équivalence unique.

Notes
21.

Atkinson (1991) suggère une approche alternative pour ajuster la différence de taille des ménages, mais les résultats aux quels il aboutit sont critiqués vu que cette approche ne fournit qu’un « ordre partiel ».