5.3 Analyse de sensibilité :

L’analyse de sensibilité tente de déterminer l’importance et le poids des incertitudes des variables explicatives sur la variabilité de la composante expliquée. En d’autres termes, nous cherchons à appréhender l’effet des changements des caractéristiques des ménages sur la distribution de revenu. Elle reproduit, suivant chaque caractéristique, les probabilités prédites pour les ménages d’être localisé dans un segment de la distribution, toutes choses étant égales par ailleurs.

Le tableau 21 affiche les résultats trouvés. Cette méthodologie est très intéressante, dans le sens où elle permet d’identifier les facteurs susceptibles d’améliorer la situation des ménages et ainsi formuler les actions nécessaires pour aider les plus démunis.

L’effet de l’éducation sur le niveau de vie est très net. Les ménages dont la personne de référence est sans instruction ont une chance, deux fois plus importante, d’être dans la catégorie des pauvres (23.43%), par rapport au quartile de niveau de vie le plus élevée (9.22%). L’accès au niveau d’étude primaire, réduit la probabilité d’être pauvre, mais elle reste nettement plus élevée par rapport au dernier quartile. Cette probabilité diminue considérablement pour les ménages dont la personne de référence a poursuivi des études universitaires. Ainsi, la probabilité prédite d’être pauvre pour cette catégorie des ménages est de 2.21%, alors que la probabilité de localisation dans le segment des plus riches atteint 53.5%. L’accès au second cycle d’enseignement général ainsi qu’à l’enseignement technique long contribue aussi à réduire la probabilité de pauvreté.

La prise en compte des facteurs démographiques confirme les commentaires précédents concernant les effets marginaux de la régression logit.

En premier lieu, les ménages dirigés par une personne âgée de moins de 25 ans ont affichent la probabilité d32%. Par contre, les personnes à l’âge de la cinquantaine ont la probabilité de pauvreté la plus faible (0.07). Les ménages dirigés par ces personnes ont aussi plus de chance d’être dans le quartile le plus haut de la distribution du niveau de vie (0.36). Les autres tranches d’âge enregistrent des probabilités de valeurs très proches, à l’exception des tranches supérieures à 70 ans où la probabilité de localisation dans le segment des riches subit une nette diminution (autour des 0.17 alors qu’elle est se situe autour de 0.22 à 0.25 pour les autres catégories).

En second lieu, La composition du ménage joue aussi un rôle important dans la détermination du niveau de vie des ménages. Les résultats enseignent que les probabilités prédites de pauvreté sont au maximum pour les familles monoparentales. Pour ces ménages, la probabilité de pauvreté (0.22) est presque deux fois plus élevée que la probabilité de localisation dans le dernier quartile (0.13). Les personnes seules sont dans une situation légèrement semblable au cas des familles monoparentales comme le prouve la comparaison de la probabilité d’appartenir au premier quartile de la distribution (30.34%) à la probabilité d’appartenir au dernier quartile (18.18%). Une situation inverse prévaut pour les couples sans enfants.

En troisième lieu, si nous considérons la dimension du ménage, il apparaît alors que la probabilité prédites de pauvreté suit une allure croissante et ce partir d’un nombre de personne égal à deux. En effet, cette probabilité est de 13.84% pour les personnes seules. Elle passe à pour les ménages composés de deux personnes pour atteindre 43.4% pour les ménages de sept personnes. La tendance s’inverse pour le dernier quartile.

En dernier lieu, les ménages dirigés par des hommes ont plus de chance d’échapper à la pauvreté que ceux dont la personne de référence est une femme. Les probabilités prédites sont respectivement de 9.14% et 16.67% pour les hommes et pour les femmes. Les probabilités d’avoir un niveau de vie aisé sont aussi plus élevées pour les ménages “masculins”.

Les probabilités prédites de localisation sur la distribution du niveau de vie selon la catégorie socio- professionnelle du chef du ménage sont concordants avec les résultats des estimations. Ainsi, la probabilité de pauvreté est la plus élevée pour la classe des inactifs. Pour les agriculteurs exploitants, la probabilité de localisation dans la partie pauvre de la population est deux fois plus élevée que celle de la localisation dans la partie supérieure (riches). En effet, la probabilité varie respectivement de 0.21 à 0.91. De même, les ménages ayant à leur tête un ouvrier ou un employé ont plus de “chance” d’appartenir au segment des pauvres (16.94% et 15.85% respectivement) que d’être dans le quartile des plus riches (12.21% et 13.41% respectivement). La situation des ménages conduits par une personne de ces catégories reste très vulnérable vue que la probabilité d’appartenir au premier quartile (tout en étant non pauvre) reste très élevé. A titre d’exemple cette probabilité est estimée à 21.61% pour les agriculteurs.

Les probabilités prédites de pauvreté diminuent de moitié pour les professions libérales et les retraités (7.78% et 8.56% respectivement) par rapport aux catégories d’ouvriers et d’employés. La diminution est d’autant plus nette si nous considérons les ménagés dirigés par un cadre intermédiaire ou supérieur. De cette manière, pour les cadres supérieurs la probabilité prédite de pauvreté (0.012) apparaît marginale comparée à la probabilité d’appartenir au dernier quartile (0.65).

La dimension spatiale de la pauvreté en France est aussi confirmée avec les résultats de l’analyse de sensibilité que nous menons ici. A ce niveau, nous pouvons dégager deux remarques importantes. La première concerne la région où la pauvreté est la “plus probable”. Un examen des probabilités prédites de pauvreté permet de noter qu’un ménage localisé dans la région du Nord est plus exposé au risque de pauvreté par rapport aux ménages des autres régions. La deuxième remarque est inhérente aux probabilités calculées pour la région parisienne. Nous notons que les ménages de cette région ont une chance élevée de se trouver dans la partie supérieure de la population. Les probabilités prédites de pauvreté et de “richesse” dans la région parisienne sont respectivement égales à 0.062 et 0.408. La région de l’Est se distingue également par un même schéma de localisation sur la distribution du niveau de vie.

Le schéma global des risques de pauvreté courus par les ménages, selon les caractéristiques socio-économiques permet d’éclaircir les pouvoirs publics concernant les mesures adéquates pour combattre la pauvreté monétaire. A cet égard, les résultats suggèrent concentrer les efforts sur certaines tranches de la population : les familles monoparentales et notamment dont la personne de référence est de sexe féminin, à titre d’exemple. Il s’agit aussi de fournir des opportunités réelles d’emploi pour les inactifs, tout en améliorant les ressources de certaines catégories professionnelles.