3.3 Pauvreté Subjective

L’estimation de l’équation (2) nous a permis de déterminer les seuils de pauvreté selon la taille du ménage et le sexe de la personne de référence. Les résultats sont reportés au tableau 17.

La première remarque que nous pouvons dégagé en observant les résultats des seuils de pauvreté calculés concerne la différence selon le sexe (Tableau 22). Nous notons que, à revenu égal, les ménages conduits par une femme déclarent – de manière implicite- la nécessité d’un revenu plus élevé comparativement aux ménages conduits par des hommes, pour vivre de manière “juste”. Cette différence est d’autant plus significative que la taille du ménage augmente. Alors que pour une femme seule le seuil mensuel est de 356 euros, pour un homme ce montant se situe à environ 275 euros. Par la suite, le taux de pauvreté varie de 1.09 % pour les ménages dont le chef est de sexe masculin à 4.66% pour les ménages dont le chef est une femme. La distribution du revenu par sexe apporte un éclaircissement sur ce point puisqu’elle montre que celle des ménages « féminins » est plutôt tirée vers le bas. En effet, 60% des ménages conduits par une femme dispose d’un revenu annuel inférieur ou égale à 13 500 euros, cette proportion ne dépasse pas les 22 % pour les ménages conduits par un homme (Tableau A3).

La deuxième remarque a trait à la comparaison entre approche subjective et objective de la construction de ligne de pauvreté. L’approche objective, que nous adoptons ici, consiste à spécifier un seuil relatif établi à 50 % du revenu médian80. La valeur de ce seuil se situe à 563 euros par mois. Cette valeur est proche du seuil retenu par les autorités statistiques s’élevant à 625 euros par mois, en 2002. Le taux de pauvreté correspondant montre que 10.98% des ménages sont classés comme pauvres. Ainsi, la construction d’un seuil subjectif réduit considérablement la proportion des pauvres : seulement 2.10 % des ménages vivent une situation de privation. Si nous comparons ce taux à la proportion des ménages qui déclarent vivre une situation difficile, nous remarquons aussi qu’il reste très faible. Les réponses 4 et 581, que nous avons choisies comme caractérisant la situation de privation, représentent 14.01% des réponses. Nous procédons dans le paragraphe qui suit à l’exploration des déterminants de la satisfaction financière.

Tableau 3: Estimation Probit ordonné de la satisfaction
Variables coefficients écarts type
log (revenu) 0,997* 0,028
log (taille du ménage) -0,636* 0,033
femme -0,256* 0,040
α 1 6,864 0,269
α 2 8,077 0,270
α 3 9,508 0,275
α 4 10,828 0,282
Nombre d'observation = 5281
LR chi2 = 1456,02
Pseudo R² = 0,107
Log Vraisemblance = -6087.7705
* significatif au seuil de 1%
Tableau 4 : Seuils et Taux de Pauvreté Subjective
Taille du ménage Seuils Annuel (€) Seuils Mensuels (€)
Homme Femme Homme Femme
1 3304 4272 275 356
2 5141 6646 428 554
3 6657 8607 555 717
4 7998 10339 666 862
5 9220 11920 768 993
6 10357 13390 863 1 116
7 11427 14773 952 1 231
8 12442 16086 1 037 1 340
Pauvreté Subjective 1,09% 4,66%
2,10%
Notes
80.

Le revenu est ajusté pour tenir compte de la composition du ménage en appliquant l’échelle d’Oxford qui attribue les poids de 0.5 et 0.3 à un adulte supplémentaire (âgé de plus de 15 ans) et un enfant respectivement.

81.

On rappelle que les réponses retenues ici sont : “Vous y arrivez difficilement.” et “Vous ne pouvez y arriver sans faire de dettes.”