Conclusion 

Au cours de ce chapitre nous avons tenté de fournir une analyse multidimensionnelle de la pauvreté. L’introduction dans l’analyse de dimensions autres que la seule composante monétaire, contribue à améliorer notre compréhension des faces cachées de la privation. La seule information monétaire, même si elle reste indispensable à l’étude du phénomène, ne rend pas compte de toutes les fonctions élémentaires de notre existence. Le revenu constitue seulement un moyen pour réaliser les aspirations des individus. Ce type d’approche adopté aujourd’hui par de nombreux chercheurs dans la continuité des travaux pionniers de Sen, bénéficie des développements de la littérature sur les mesures multidimensionnelles axiomatiques ainsi que l’application de la théorie des ensembles flous.

Notre application sur des données françaises issues des enquêtes EPCV de Mai 2002 nous permet de dégager un ciblage de la population à risque de pauvreté à travers un examen fin des mesures multidimensionnelles et la contribution de chaque attribut à ce risque. A l’examen des mesures TF il semble alors, que les familles monoparentales, les ménages unitaires, les ménages constitués de plus de 5 personnes ainsi que les ménages dont la personne de référence est un ouvrier, un employé ou inactif sont les plus exposés au risque de privations. Le différentiel régional de pauvreté atteste d’un risque légèrement plus élevé dans la région du Nord, la région du Sud-ouest et de la Méditerranée. A titre d’exemple, la région du Nord enregistre les taux de privation les plus élevées dans les attributs d’emploi (12.41%) et de ressources économiques (38.06%)

Un autre résultat important montre que la pauvreté multidimensionnelle augmente selon la taille de la commune de résidence. Ainsi, l’indice de pauvreté multidimensionnelle diminue légèrement dans les communes rurales et les unités urbaines dont le nombre de résidants ne dépasse pas 20 000 habitants (14.47% 15.11% respectivement). Cette diminution est essentiellement attribuée à des meilleures réalisations en termes de logement et d’emploi.

Pour explorer encore d’avantage le différentiel régional existant en France nous avons mobilisé les mesures TFR. Toutefois, dans l’application des mesures TFR deux problèmes sont à soulever : d’abord le choix de système de pondération et l’interprétation des résultats. Nous avons adopté une démarche qui consiste à prendre en compte l’effet du changement du système de pondération sur la valeur des mesures TFR originales. Nous avons également calculé les mesures TFR alternatives pour mener à bien des comparaisons spatiales entre les différentes régions de France.

Il apparaît alors, que le choix du système de pondération affecte considérablement la valeur des mesures sans pour autant influencer notre perception du différentiel régional en France. La même remarque reste valable en comparant les résultats des deux spécifications TFR. Les résultats montrent que les régions Nord, Méditerranée et Sud-ouest sont les plus touchées par la pauvreté multidimensionnelle, alors que la région parisienne semble la plus épargnée.

En comparant l’approche monétaire et l’approche multidimensionnelle, adoptée dans ce chapitre, nous remarquons que la corrélation entre la classification de revenu et de privation multidimensionnelle est très faible. En d’autres termes, le nombre de ménages pauvres par l’approche multidimensionnelle et par l’approche monétaire est faible.