L’enquête a été réalisée dans un club qui occupait depuis peu une position dominante à l’intérieur du football français, position qu’il n’avait jamais occupée depuis sa création en 1950. Le club, remonté en première division professionnelle en 1989, connaît une stabilisation au sommet de la hiérarchie sportive nationale à partir de la saison 1998-1999, qui se transforme trois années plus tard par l’acquisition du titre de champion de France. Le classement du club au cours des différentes saisons témoigne de cette situation :
Cette domination sur le plan national (six titres de champion consécutifs) est complétée par une participation systématique aux coupes européennes depuis la saison 1997-1998, privilège réservé aux meilleurs clubs nationaux. La progression de ses résultats sportifs européens lui vaut d’être classé, pour ses résultats depuis dix ans, à la quinzième place dans la hiérarchie des clubs européens en 2005138. Ces résultats sportifs sont à l’origine d’une importante croissance de son audience : il accueillait 19 500 spectateurs en moyenne et environ six mille abonnés durant la saison 1989-1990 ; quatorze ans plus tard, il en accueille plus de 36 000 (4ème place en France) dont 22 500 abonnés (2003-2004). Cette position sportive dominante s’appuie et se trouve confortée par une progression économique sensible, dont l’accélération s’est produite à la fin des années 1990. Le budget du club a été multiplié par plus de six entre 1994 (soit 14,9 M€) et 2004 (95 M€)139.
L’Olympique Lyonnais est depuis la saison 2002-2003 le club aux plus grandes ressources financières en France et fait partie des vingt clubs européens les plus riches. Il disposait pour la saison 2005-2006 du onzième budget européen (127,7 M€). Cette ascension économique s’est appuyée sur une rigueur budgétaire (comptes toujours bénéficiaires entre 1994 et 2002) et l’entrée de nouveaux partenaires financiers. C'est en particulier le cas en 1998, date de l’entrée dans le club de la société Pathé qui devient alors le second actionnaire (à hauteur de 34 % avec l’apport d’environ 15 M€)140, derrière le propriétaire principal, Jean-Michel Aulas, président du club depuis 1987 et chef d’entreprise141. La politique de ce dernier, importée de l’univers économique, a profondément transformé le club afin de multiplier les sources de revenus, en particulier à la fin des années 1990. Le club, qui est composé d’une société gérant le domaine professionnel (la SASP O.L.) et d’une association142, fait ainsi désormais partie d’une holding (l’« O.L. Groupe ») cotée en bourse depuis 2006 et dotée de dix filiales. Celles-ci ont pour but d’exploiter commercialement la marque « Olympique Lyonnais ». Le club est le leader français de la commercialisation de produits liés au football à travers ses filiales qui prennent en charge le « merchandising » (par la vente de produits (maillots, écharpes, etc.) et le développement de licences143 (« O.L. Phone », « O.L. Taxi », « O.L. Conduite », « O.L. Boisson », « O.L. Café », « O.L. Beauté », « O.L. Musique »)) ou la vente d’images (« O.L. Image »). Les filiales non directement sportive (c'est-à-dire en dehors du club proprement dit (la SASP)) et leurs produits dérivés génèrent une part croissante du chiffre d’affaires : seulement 2 % en 1997, 20 % en 2005, 30% en 2006144.
Ainsi, depuis la fin des années 1990, le club affiche la volonté d’importer les stratégies économiques des plus grands clubs européens, et c'est ce qu’illustrent le développement du « merchandising », l’entrée en Bourse et le lancement du projet d’un nouveau stade (« O.L. Land »), devant permettre une commercialisation accrue de l’image du club. Depuis le début des années 2000, domination sportive du championnat de France et développement de la commercialisation assurent ainsi au club une position de force dans l’espace du football professionnel français.
Selon le classement « Eurotopfoot » (www.eurotopfoot.com), classement européen des clubs de football établi suivant les résultats des clubs dans les différentes coupes d'Europe depuis 1995. En 2008, l’UEFA place le club en 10ème position européenne sur les cinq dernières saisons (selon le coefficient UEFA, ce dernier est déterminant pour l’obtention du « label » de tête de série ou l’attribution du nombre de places par pays en Coupe de l’UEFA. Son calcul s’effectue sur la base d’un tableau de performances : une victoire équivaut à 2 points, un match nul à 1 point et une défaite à 0 point).
Le club a dans le même temps connu une croissance importante de ses effectifs salariés : en juin 2006, il employait 207 personnes dont 81 à l’intérieur de la structure sportive (SASP et association) [Document de base, remis par l’O.L. Groupe à Autorité des marchés financiers, 2006, p. 136].
P-Y. Lautrou, « L’attaquant lyonnais », L’Express, 10 mai 2004 ; J. Ropert, « L’O.L., champion du business », L’Humanité, 13 avril 2005.
Il est le principal actionnaire d’une société éditrice de progiciels de gestion pour les PME (la Cegid), qui emploie environ 1400 salariés et dont le chiffre d’affaire est évalué à 130 M€.
Cette dualité est rendue obligatoire par la réglementation française. Seule l’association peut obtenir auprès de la Fédération française de football un numéro d’affiliation permettant la participation aux compétitions. Les deux entités sont liées par une convention. Selon celle-ci, l’association gère, sous le contrôle et grâce au financement de la SASP, toutes les sections amateurs du club et le centre de formation.
C. Ferrero, « L’Olympique Lyonnais gagne sur tous les terrains », La Tribune.fr., juin 2006. Sur ce sujet, voir aussi : E. Labrunie, « L’Olympique lyonnais sait faire bouillir la marmite », Libération, 4 avril 2005.
N. Delage, R. Place, Olympique Lyonnais : les coulisses d’une réussite, Paris, Calman-Lévy, 2007, p. 111.