2. Choix du club et « sens du placement »

Dans son enquête sur les clubs de tennis de l’agglomération nantaise, Charles Suaud met en évidence la structuration sociale de cet espace sportif local et note qu’une « correspondance aussi forte entre l’espace des clubs et l’espace social ne peut s’effectuer que par le jeu des médiations symboliques, et plus particulièrement des catégories de perception à l’aide desquelles les individus évaluent les clubs situés sur l’espace local du tennis et en fonction desquels ils réalisent leurs choix »223. Le « sens du placement » dont font preuve les joueurs quand ils s’orientent vers les différents clubs est l’intermédiaire qui assure, à travers les catégories de perception, un relatif ajustement entre les dispositions sociales (et indissociablement sportives) des acteurs et les propriétés des différents clubs. Fonctionnant comme une « boussole » pour ces sportifs, il est le moteur d’une différenciation sociale à l’intérieur d’un sport qui perd par ailleurs de son pouvoir distinctif du fait de sa diffusion croissante224. A l’échelle de notre objet, le « sens du placement » permet d’interroger l’orientation des enquêtés vers leur premier club même si l’éparpillement géographique de la population ne permet pas la reconstitution d’un espace local de possibilités à l’intérieur duquel le choix est effectué. Malgré cela, nos analyses mettent en évidence les logiques qui sous-tendent ces choix et qui sont des éléments caractéristiques de cette première forme de la pratique.

Notes
223.

C. Suaud, « Espace des sports, espace social et effet d’âge », Op. Cit., p. 7.

224.

Sur ce sujet, la sociologie historique d’Anne-Marie Waser révèle la forte extension des effectifs du tennis à la fin des années 1970 dont le recrutement s’étend en direction des classes moyennes. Le nombre de licenciés est ainsi passé de 272 113 en 1974 à 1, 39 millions en 1986 [A-M. Waser, « Le marché des partenaires », Actes de la recherche en sciences sociales, novembre 1989, n° 80, p. 2-21].