B. La question scolaire

De nombreux discours de sens commun associent l’engagement dans une carrière footballistique à la compensation des échecs scolaires supposés. Il existe, comme le disent J-M. Faure et C. Suaud, « un fond d’évidences communes qui voudrait que le clivage entre l’école et le football renvoie à des positions sociales et à des goûts d’autant plus exclusifs qu’il s’agit d’un sport voué par nature à incarner les passions populaires »361. L’examen de la façon dont la question scolaire se pose pour les joueurs et leurs parents au moment de l’entrée en formation permet de nuancer très fortement cette représentation. Il permet d’analyser dans quelle mesure la scolarité agit comme une force ou une contrainte supplémentaire qui pèse sur cette orientation. Ce type de mise en relation entre scolarité et engagement footballistique permet aussi de mettre à distance une forme de raisonnement qui fait de cet engagement le produit d’un simple calcul stratégique. Comme le souligne Sébastien Fleuriel au sujet des athlètes de haut niveau, « poser par principe qu’il n’y a pas autre chose que ces profits dans l’engagement sportif, en affirmant par exemple qu’un athlète a choisi le sport parce que ses chances de réussite scolaire sont compromises, revient à ignorer en même temps l’ensemble du travail mental et intellectuel qu’a dû fournir l’athlète pour accepter et penser sa destinée comme une passion »362. Pour cette raison, la démarche entreprise ici s’attache tout particulièrement à montrer comment communiquent les deux types d’expériences et leur intériorisation.

Notes
361.

J-M. Faure, C. Suaud, Le football professionnel à la française, Op. Cit., p. 207. Et cette vision a d’autant plus de poids qu’il n’existe pas, à notre connaissance, de données statistiques produites sur les résultats scolaires antérieurs à l’engagement dans ce type de formation sportive professionnelle.

362.

S. Fleuriel, Sport de haut niveau ou sport d’élite ?, Op. Cit., p. 107.