Partie II. Une formation individuelle dans un sport collectif

Après avoir mis en lumière les processus à l’œuvre dans l’orientation vers ce cursus sportif, les analyses suivantes s’attacheront à décrire les mécanismes d’intégration à cet univers spécifique. Un des objectifs de cette première partie véritablement consacrée à l’analyse de la socialisation spécifique produite par la formation footballistique consiste à mettre en évidence comment l’institution travaille à renforcer l’engagement des apprentis et leur adhésion à des enjeux spécifiques. La forme et le poids de cette adhésion doivent alors être mieux appréhendés par ce cheminement. Or en intégrant la formation, les jeunes aspirants entrent dans une structure marquée par une dualité : s’il s’agit d’une formation individuelle, qui vise la production de footballeurs compétents, elle s’opère à l’intérieur d’un sport collectif, qui mobilise un travail en équipe et un engagement compétitif. Dès lors, le travail doit s’appliquer à étudier la manière dont s’articulent ces deux types d’enjeux qui structurent l’acculturation de ces adolescents à l’exercice sportif de haut niveau. Les premiers sont compétitifs et collectifs. La course aux résultats, la lutte pour les titres et le rapport au temps, sportif et non-sportif, qu’ils impliquent constituent le premier axe de leur socialisation. Mais l’entrée dans ce nouvel espace social est aussi marquée par la soumission des pratiques à une logique d’apprentissage professionnel qui est à l’origine d’enjeux propres et spécifiques. Ceux-ci sont les moteurs des luttes individuelles dans lesquelles sont plongés les aspirants et par lesquelles passe leur socialisation à la carrière professionnelle.