La socialisation corporelle au métier vise la soumission des ressources physiques aux exigences de la pratique et implique la construction d’un rapport instrumental au corps. Celui-ci est proche, par certains aspects, du rapport ouvrier au corps tel qu’ont pu le décrire Pierre Bourdieu734 ou Olivier Schwartz, car il est ici aussi « essentiellement engagé comme outil de labeur et de travail » consacrant ainsi le « primat du corps laborieux sur le corps gratifié »735. La construction de ce « corps-outil », parce qu’elle se caractérise par la combinaison de la résistance corporelle (aux douleurs et à la fatigue) et la priorité donnée à la force et à l’utilité du corps comme ressource, est également associée à l’identité sexuée des apprentis736. Les analyses suivantes montrent que cette logique d’exploitation du corps et son inculcation se matérialisent aussi bien dans les usages qui sont faits du corps dans le jeu que dans les traitements qui sont faits des blessures et dommages corporels.
P. Bourdieu, La distinction, Op. Cit.
O. Schwartz, Le monde privé des ouvriers, Op. Cit., p. 477.
Ce rapport au corps est en affinité avec une certaine culture sportive masculine tel que des sociologues, anglo-saxons en particulier, ont pu l’étudier [T. Terret, « Sport et masculinité », STAPS, 2004, n°66, p. 209-225], notamment par le biais du concept de « masculinité hégémonique » [R. Connel, Gender and Power, Stanford, Stanford University Press, 1987, 334 p.]