Chapitre 2. Relations familiales, sociabilité et « temps libre »

Le sens de l’expérience de la formation vécue par les enquêtés est éclairé par les investissements scolaires, qui tendent à être pris en charge et intégrés par le club. Il est frappant, par exemple, que le conseiller principal d’éducation du lycée Jules Ferry signale tout événement scolaire au responsable pédagogique du Centre avant d’en référer, éventuellement, aux parents. Il expose ainsi son traitement des problèmes courants : « Je lui téléphone [au responsable pédagogique] quand y a des problèmes, il est aussi présent à tous les conseils de classe et puis bon quand on arrive pas trop à maîtriser les problèmes ben on appelle les parents. Mais en général on appelle, je suis d’abord en relation avec l’O.L. et après avec les parents ». On comprend dès lors que l’engagement sportif des joueurs soit à l’origine d’une reconfiguration du lien familial. Cette modification s’oriente dans deux directions : d’une part, la formation tend à donner à l’« élu » sportif une nouvelle place à l’intérieur du foyer familial et, d’autre part, les rapports des enquêtés à leur famille sont dépendants de leur insertion footballistique. Cependant, l’évaluation de cette reconfiguration des appartenances sociales serait très incomplète si elle ne prenait en compte les pratiques de sociabilité. En effet, du fait l’abondance de ces relations, trait caractéristique du style de vie de leur catégorie âge864, celles-ci ont toutes les chances de constituer un espace d’investissement sur lequel pèsent les contraintes sportives.

Notes
864.

F. Héran, « La sociabilité, une pratique culturelle », Economie et Statistique, INSEE, 1988, n° 116. p. 9-10.