Section 2. Sociabilité et loisirs

L’analyse des usages que les apprentis footballeurs font de leur temps libéré des contraintes sportives est un outil stratégique pour interroger la portée et les limites de l’emprise du jeu. En effet, en ne travaillant que le temps sous le contrôle le plus direct de l’institution, l’étude a toutes les chances de ne percevoir qu’un fort degré d’enfermement dans l’univers footballistique au risque d’homogénéiser de façon excessive les comportements. Pour dire les choses autrement, on a d’autant plus de chances d’observer des individus totalement pris par l’institution sportive (unidimensionnels pourrait-on dire) qu’on les traite comme s’ils n’étaient que des « êtres-membres du-champ », c'est-à-dire qu’on ne les observe que sous une seule dimension. A l’inverse, faire varier les contextes d’observation, c'est se donner les chances d’évaluer le degré de transversalité de leurs dispositions.

Deux angles d’approche permettent cette évaluation. L’analyse de la sociabilité permet, dans un premier temps, de mesurer le degré de clôture relationnelle des enquêtés autour de la pratique. D’autre part, les pratiques de loisirs seront le lieu privilégié pour s’interroger sur la force et la continuité de leurs dispositions ascétiques ou, en d’autres termes, sur leur degré de transférabilité à des contextes plus ou moins structurés par la contrainte sportive.