L’ordalie au moyen-âge :

La convocation du jugement de Dieu permettant d’établir l’innocence ou la culpabilité de l’accusé se déclinait sous des formes diverses et subsiste dans les traditions judiciaires du haut moyen-âge. L’ordalie appartient à un système judiciaire qui requiert l’adhésion de son groupe social. Elle propose une forme « de ritualisation du désordre et un dépassement symbolique d’une situation symbolique figée et vouée à susciter d’interminables dissensions au sein de la communauté » (D. Le Breton, 2000, p.51).

L’ordalie admise par tous, apaise les tensions et pacifie le groupe social en désamorçant le conflit. Une nuance permet de préciser que l’ordalie ne relève pas du jugement de Dieu mais illustre, par le truchement de cette pratique, la remise d’une cause « ad iudicium Dei » au jugement de Dieu.

Peter Brown analyse l’ordalie comme le signe d’une société où le profane et le sacré sont intriqués. Le rite ordalique suppose le miracle dans un appel omniscient à Dieu pour trancher une question de litige. L’ordalie se présente comme un spectacle investi par un groupe social, spectacle donc qui déplace particulièrement les foules.

Quant à l’épreuve de l’eau, elle consiste à suspendre l’accusé à un cordage, pieds et poings liés afin de constater s’il coule ou flotte. Il va sans dire qu’en cas de flottaison, l’accusé se voit acquitté. Cette épreuve reposant sur l’idée du poids interne que porte le présumé coupable a contrario de la légèreté dont témoigne l’innocent, introduit une pensée métaphorique.