Quelques marqueurs autour de la fonction des pratiques ordaliques :

Le rapport à l’ordalie convoque le lien articulatoire entre l’inter et l’intra, entre l’intime et l’universel et entre l’individuel et le groupal.

Ces pratiques se mettent en scène via l’action qui intronise la scène, scène qui s’observe, s’analyse et se juge collectivement. A ce titre la métaphore de jeu scénique devient une idée clé pour qualifier l’action qui convoque l’inter et la scène. Le jugement intervient au terme de la scène à partir des signes visibles sur le corps, des traces, de l’épreuve ordalique. Le jugement ne juge l’humain qu’à partir du corps et non de la parole. C’est un jugement sans parole qui place de manière binaire la loi du tout ou rien, de la vie et la mort comme organisateur de la culpabilité.

La disparition des pratiques ordaliques opère un premier retournement du corps à la parole. Le corps n’est plus la scène de lecture sur laquelle tente de s’exprimer une véracité de faits. Une autre scène à effet de vérité s’en dégage via la torture. C’est celle de la parole qui seule désormais, légitime la position du sujet, de la pensée et de l’agir. Cette évolution traduit une tentative d’articulation de l’acte à la pensée sous le couvert de l’obligation d’avouer « une faute » pour l’accusé. Seul l’aveu entérine la culpabilité.