1.2. Un principe de contact : le contact ordalique

Nous proposons l’ordalie du contact afin d’analyser la scène ordalique et ce qu’elle condense de questions et traumatismes restés en attente de signification.

Nous avons précisé notre inclinaison ordalique. Il nous reste, au vu de cette clinique, à préciser l’intérêt d’y associer une problématique du contact.

L’ordalie du contact se bâtit également à l’aide d’un principe de contact.

Par principe de contact, nous entendons la nécessité d’une reprise de l’histoire de la construction du contact que le sujet convoque dans son rapport au corps et à l’objet ou plutôt à l’Autre. Le contact s’éprouve à la limite. Il traduit l’idée d’une mise en mouvement, d’une recherche d’impact, de point de butée susceptible de constituer un point de nouage entre le dedans et le dehors, le passé et le présent, l’incorporé et l’externalisé.

Le principe de contact qualifie ce marqueur historique qui trouve son point d’origine, à partir de la dyade originaire. Cette dyade constitue la matrice des premières représentations de soi au sein d’un environnement premier. Il s’agit pour nous, de situer le rapport environnemental aux prémisses de la symbolisation à travers la fonction maternelle et paternelle incluse. Cette donne inscrit d’emblée par ce rapport environnemental « la peau des choses» (C. Vasseur, 2006, p.91) que nous appelons un principe de contact. Le principe de contact convoque la scène avant le contenu.

L’ensemble de la théorisation de D. Anzieu (1985, 1990, 1996), repose sur cette idée fondamentale d’un psychisme qui se constitue dans des constructions d’espaces dont la fonction principale de contenant prévaut sur celle des contenus qui en émergent.

Les contenants sont premiers et par lien analogique, l’image telle que les travaux de Tisseron (1993, 1995), le démontrent. L’image constitue un contenant au service de l’illusion primitive, de la dyade originaire, de l’environnement premier. L’environnement, la relation à l’autre sont traités par le sujet en fonction de sa problématique au sens large et de manière plus précise en fonction de sa fantasmatique et de l’organisation qu’il a développée au contact premier à cet environnement.

Ainsi ce rapport environnemental constitue un lieu de projection des représentations, un principe de contact qui reprend la problématique du sujet dans son rapport à l’autre.

‘«Dénié chez le psychotique, ouvert à la transitionnalité et à la rêverie chez le névrosé, il sera immobilisé et pourra être fétichisé par l’état limite : lien primaire vital et mortel » (C. Vasseur, 2006, p.91).’

Ce rapport « fétichisant » qui se rapproche de la pensée animiste, nous convoque dans ce rapport quasi phallique aux choses en deçà d’une problématique génitalisée. Le rapport à l’autre, à l’environnement au sens large se traite par l’image, comme une métaphore dépouillée de sens, ou plus précisément dont le sens est exhibé/dénié. C’est ce principe de contact que nous nommons scène.

La problématique ordalique met spectaculairement en scène « la peau des choses», son essence, l’histoire d’une dyade de type agrippement/fusion, et sa stratégie de survie. Aussi, la scène constitue un coup de projecteur sur l’exploit fondamental que le sujet a accompli : celui de s’accommoder à un environnement désaccordé ou plutôt non accordé.

Ce principe de contact dont nous avons défini l’enjeu, fonctionne par contiguïté .

‘« L’association par contiguïté équivaut à un contact direct, l’association par similitude est un contact au sens figuré du mot » (S. Freud, 1910, p.172).’

De plus, et en appui sur la théorie de A. Green, nous précisons que la théorie du contact « n’est pas la théorie de la satisfaction pulsionnelle agie, unissant la pulsion et son objet effectivement, mais celle qui réunit l’acte spécifique où le contact a lieu selon les modalités par lesquelles la vie psychique crée ses analogons à travers les créateurs qui s’y rattachent » (A.Green, 1995, p. 271).

Ce principe de contact opère par contiguïté , et se caractérise par une scène, l’empreinte première, l’histoire du rapport du sujet à son environnement premier.

Afin de situer ce principe de contact au regard de nos choix théoriques, nous reparcourons les grandes avancées qui nous ont permis d’établir ce principe de contact ordalique.