Chapitre 2. Une lecture scénique des traumatismes croisés

« De façon plus quotidienne, appelons traumatisé, ou en péril, le sujet en constitution, tel l’adolescent qui se sent contraint d’introduire une causalité extérieure à sa vie personnelle. Il ne dit pas ce qu’il pense mais ce qui lui arrive, peut être ce qu’il subit » (Ph. Gutton, 2000, p.31).

La question des traumatisme(s) provoque un véritable « casse tête », objet inépuisable de préoccupations du corpus soignant. Elle mérite un temps d’arrêt et d’articulation nécessaire aux théories du traumatisme. Ce postulat de départ nous conduit, à considérer que le sujet met en scène par l’ordalie du contact, les vécus traumatiques qui ont imprimé de manière indélébile sa vie psychique. Le pragmatisme de ce point de vue, nous invite d’un élan plus rigoureux à soumettre l’étude du traumatisme à un modèle théorique.

Nous considérons la scène ordalique, comme surface projective de traumatismes croisés36, véritable support analogique au modèle du rêve qui s’affirme en tant qu’écran diurne de la vie psychique.

La scène de l’agression de Liriopé, fortement chargée en potentialité traumatique, se présente à nous en tant que scène porteuse, révélatrice qui condense, figure, et déplace les noyaux traumatiques agglutinés. Penser la question du traumatisme nous amène à l’articuler à son évolution théorique. En effet, de nombreuses théories, authentiques empreintes de leur époque et des pathologies associées, nous conduisent à un travail rétrospectif. Si l’étoffe du traumatisme s’avère composite, il s’agit pour nous, d’un véritable concept patchwok, constitué au fil du temps, de l’approche des différents théoriciens qui au regard de la psychopathologie, ont modélisé leur approche.

Notes
36.

Nous appellons traumatismes croisés, les traumatismes en pleins et en creux mêlés.