4ème Théorie du traumatisme : un vécu d’indécidabilité

Une analyse des travaux de 1938 de S. Freud permet de dégager une quatrième théorie, telle que la synthèse de B. Duez le montre, dans son article « l’indécidabilité : un modèle générique du traumatisme ».

‘« L’état traumatique se caractérise par l’impossibilité pour le sujet à destiner ses pulsions» (2000b, p. .115).’

Le vécu d’indécidabilité plonge le sujet dans une situation d’ambiguïté à partir de laquelle, il ne peut décider ce qui est de soi et ce qui est de l’autre, ce qui vient de l’intérieur et ce qui vient de l’extérieur, ce qui correspond à la source et au but de la pulsion. Précieux modèle que le rapport à la clinique n’a de cesse de confirmer, tant ces vécus d’ambiguïté toujours actifs, troublent le sujet dans son discernement et émaillent la qualité de son jugement. C’est bien de l’indécidable qu’il s’agit pour eux tant, dans ce qu’ils vivent, ressentent, et comprennent. Le prisme du subjectif se perd dans les brisures anciennes d’un miroir non réflexif.

Ce modèle de l’indécidable, nous intéresse dans son rapport articulatoire à celui que propose C. Janin autour du concept de « collapsus psychique ». En effet, si le sujet n’a plus la capacité de discriminer fantasmes et évènements, il s’ensuit un flou qui voile la communication entre l’espace psychique et l’espace externe, de telle sorte que l’appareil psychique ne peut plus remplir son rôle de contenant du monde interne. Emerge alors un fonctionnement spécifique de « collapsus de la topique interne » C. Janin, (1996).

Par conséquent, le sujet ne peut plus discerner la source de son excitation qu’il s’agisse d’une source endogène ou exogène.

S. Freud (1917) confirme cet état d’embrouillamini, en considérant le traumatisme comme une expérience d’absence de secours, quelle que soit la source interne ou externe de l’excitation.

Nous insistons sur ce vécu qui ré-interroge lors de sa survenue.

‘« Le sujet n’a plus la possibilité de constituer quelque chose d’extrêmement important sur le plan psychique, à savoir « l’épreuve de réalité » que S. Freud définit en 1917, et ce toujours en référence à la détresse : « l’organisme en détresse a la capacité de se procurer, grâce à ses perceptions, une première orientation dans le monde en différenciant « à l’intérieur et à l’extérieur » selon la relation à une action musculaire. Une perception dont une action entraîne la disparition est reconnue comme une perception extérieure, comme réalité; là où une telle action ne change rien, la perception vient de l’intérieur du corps propre, elle n’est pas réelle. Il est précieux pour l’individu de posséder un tel signe de la réalité, qui en même temps signifie un recours contre» (C. Janin, 1996, p.25).’

Indécidable et situation de collapsus psychique, provoquent incontestablement le même effet, le même trouble, la même indistinction, la même perte de sens de la réalité d’un sujet qui ne sait pas et ne sait plus.