2.4.1. Pulsion de mort : une fonction désobjectalisante

A. Green (1986) souligne les deux mécanismes fondamentaux de liaison et de déliaison, des pulsions. Le mécanisme de déliaison est le seul de la pulsion de mort. Partant de ce postulat suivant, il propose une conceptualisation originale en dotant la pulsion de mort d’une « fonction désobjectalisante». Il considère qu’elle délie et attaque non seulement les liens à l’objet, mais également les substituts de ceux-ci, c'est-à-dire le moi lui-même et l’investissement dont il fait l’objet. A. Green (2000) attribue à ce type de manifestation « propre à la destructivité de la pulsion de mort », un désinvestissement, ou un narcissisme négatif ou de mort

La définition qu’il en donne 49 s’effectue à partir d’une discussion des travaux freudiens. En effet, S. Freud assoie son argumentation autour du « biologisme mythique » :

‘« Si l’aspiration des pulsions est de tendre à la réduction complète des tensions, on ne parvient à un tel résultat qu’avec la cessation de la vie… » (A. Green, 2000, p. 162).’

Le radicalisme de Freud est sous-tendu par une logique biologique de la mort, c'est-à-dire l’idée que l’aspiration même de la vie humaine serait la mort. Poussée à l’extrême, cette assertion, oriente la réflexion sur le versant d’une programmation inéluctable et non en direction d’aléas potentiels entretenant la vie. L’exhortation de la prise de position de A. Green, instaure une ligne de démarcation avec le caractère fataliste des conceptions Freudiennes. 

‘« Cette idée de but que recouvre à la fois le principe spéculatif de la réduction complète des tensions et les faits cliniques en rapport avec l’auto-destruction. La conséquence ultime en est la tendance à retourner à l’état inorganique, refaire le parcours qui va de la non vie, à la vie en sens inverse » (A. Green, 2000, p.163).’

Cette départition qu’effectue A. Green, replace la pulsion de mort au sein de sa fonction désobjectalisante. L’intérêt de l’aborder sous cet angle offre un nouvel essor à la fonction de déliaison qui desserre pour rétablir du jeu possible. En effet, si nous considérons comme nécessaire le processus de déliaison, c’est pour prôner l’espoir d’une reliaison possible que l’ordalie du contact promeut.

Principe n°4 :

Nous dégageons le quatrième principe à partir de la pensée d’A. Green. Nous considérons que la pulsion de mort ouvre le champ de la déliaison vers une reliaision possible. Nous admettons cette conception, à la lumière du modèle dualiste des pulsions, qui sous l’effet d’une intrication, agissent de concert.

Notes
49.

A Green la mort dans la vie) in l’invention de la pulsion de mort),