Chapitre 2. La scène graphique de Moïse : une échappée céleste

1. Protocole de l’AT9 de Moïse

A noter l’absence de récit.

  • Fin de l’histoire :

« Le monstre mange le chevalier ».

  • Localisation/ identification :

« Je serais la haut dans le ciel, je volerais (serais l’oiseau) ».

  • Signification des éléments :
    • Chute : « C’est une chute d’eau, c’est un décor, un paysage, non ».
    • Epée : « Elle ne sert à rien, rien ».
    • Refuge : « Une caverne, elle sert à s’abriter, je ne vois rien ».
    • Monstre : « Un monstre, c’est lui qui mange le chevalier ».
    • Cyclique : « C’est le chevalier, il se reproduit, il progresse ».
    • Personnage : « Le chevalier, il sert à se faire manger ou nourrir la créature ».
    • Eau : « La rivière part de la chute d’eau, c’est un décor ».
    • Animal : « Les oiseaux, cela peut être la créature, c’est un décor, ils sont peinards là haut, cela symbolise la tranquillité ».
    • Feu : « C’est un décor ».

Il est important de souligner qu’à la rubrique [symbole], Moïse répond « rien » sauf pour les oiseaux. Hormis cette potentialité identificatoire, rien ne semble avoir de sens pour lui. Tout est élément de décor.

Moïse ne peut mettre en récit l’histoire de son dessin.

Si aucun mot ne peut s’articuler au récit, en revanche la scène qu’il crée peut se raconter tant elle témoigne d’un bon niveau de figuration.

Premières impressions :

Au premier plan à gauche, un monstre s’apprête à dévorer le chevalier, pantin figé entre ses pattes. Aucune issue possible pour le chevalier dont la destinée semble vouée au sort de la dévoration.

Non loin de lui, une épée gît sur le sol, près du feu, inutile.

L’eau forme une retenue stagnante, qui ne s’écoule pas.

Le niveau médian, contient trois éléments : un mur infranchissable, un mur de forteresse, sur lequel jaillit une cascade, au pied du mur figure une caverne.

Quant au niveau supérieur, il s’agit du ciel, le « là-haut » dont parle Moïse, le royaume des oiseaux.

Ce dessin s’architecture sur trois niveaux parallèles. Ce jeu de superposition nous conduit à considérer que :

  • la dimension horizontale met en exergue les modalités de relation à l’objet et le travail du clivage en tant que défense.
  • la dimension verticale illustre la thématique de la chute, du traumatisme et de la transmission du point de vue de la filiation.

Afin de ménager une certaine lisibilité, nous allons dégager les thèmes traités par lui en les rattachant, à la scène ordalique, aux éléments historiques dont nous disposons, et à l’accompagnement psychothérapique proposé.