2. La scène graphique de Moïse : une aspiration aérienne

De la scène graphique, nous extrayons cinq thèmes à partir desquels nous avons construit notre argumentation.

2.1. La position sacrificielle

Le premier plan donne à voir une scène de dévoration/nourrissage qui illustre de notre point de vue l’enjeu de l’organisation psychique de Moïse à l’égard de l’objet premier.

Le seul personnage humain est destiné à nourrir la bête et à se faire dévorer par elle.

‘« Tout se passe comme si les premières identifications sur le modèle oral cannibalique, supposaient le paradoxe d’un objet/tué non tué ou « mangé/non mangé » (A. Ferrant, 2001, p. 62).’

Dans cette logique-là, le chevalier est chosifié au service de la créature. Il la nourrit. Cette scène de dévoration se fonde sur l’engloutissement du moi pour maintenir en vie la bête. Cette contrainte ne prévoit pas d’autre issue que de maintenir l'autre en vie. Une seule place, une seule fonction, celle d’être tout, pour ne pas être inexistant pour l’objet.

En d’autres termes, la créature peut vivre car le chevalier participe à son auto-conservation, au prix de sa propre subjectivité. L'objet survit grâce à la part sacrificielle que le sujet effectue :

Cette modalité d’emprise renvoie aussi à ce que M. Little nomme "prolongement narcissique de l'objet primaire" (2002, p.144).

L'objet est premier. La suprématie qu’il assoit sur le sujet, illustre l’enjeu fondamental pour lui.