1. Le mythe du vampire

La figure du vampire qualifié de « revenant-en-corps » par Dom Augustin Calmet, en 1751 définit un personnage « ni mort, ni vivant, ni né », ne disposant ni « d’ombre, ni reflet » et étant à l’origine d’une filiation.

Il se différencie nettement de la figure du fantôme dont la particularité consiste à agiter ses chaînes pour créer un climat de frayeur et d’effroi vis-à-vis des hôtes. Résidant dans un lieu qu’il hante, le fantôme affiche bruyamment et visiblement sa présence afin de rappeler son existence et par là-même exige « vengeance et requiem ».

Le vampire quant à lui, se voue à une quête nocturne et une errance atemporelle. Il se consacre exclusivement à nourrir l’insatiable désir d’une régénération perpétuelle. Il opère par vol sanguin, c’est-à-dire par une subtile scène de transfusion, à travers la peau de l’autre. Sans aucune trace de sang apparente, la peau porte discrètement le stigmate de la réussite de l’opération. Apparaît alors, le signe tatoué et irréversible de la modification d’état: l’être humain est devenu vampire par vampirisation.