2. Vampire et le mono-engendrement

Cette scène de transfusion se métamorphose en scène de fécondation ou l’autre chosifié malgré lui, est inféodé au vampire. Cette scène représente par nous, la scène prototypique du mono-engendrement au sein de laquelle l’autre n’est que substance. Au nom de la convoitise que suscite cette substance, nous établissons un lien d’équivalence entre le sang et le sperme.

« Revenant en corps » s’affirme à l’origine d’une généalogie.

Concernant le mono-engendrement, nous préférons utiliser ce terme à celui d’auto-engendrement bien que ces deux notions soient liées. Nous considérons le fantasme d’auto-engendrement comme une construction psychique qui venant balayer la scène des origines, juxtapose à la place une autre scène au sein de laquelle le sujet se fait tout seul, et est à lui même sa propre origine par effacement des traces parentales.

Par le mono-engendrement, nous situons ce principe du point de vue du clonage ou dédoublement, que nous attribuons d’emblée au maternel.

Nous prônons l’idée d’un fantasme de mono-engendrement comme reposant entièrement sur la primauté maternelle.

Le premier volet de ce fantasme concerne une forme d’hégémonie matriarcale voit la disparition ou l’instrumentalisation du géniteur. La mère, tout comme le vampire a besoin de la substance de l’autre soit pour être fécondée ou être régénérée. La mère comme le sujet ordalique a besoin de l’autre. Il ne s’agit pas d’une scène auto, mais plutôt d’une scène où l’autre est convoqué et utilisé. Le modèle de la scène des origines se rapproche davantage d’une scène de parents combinés au sens Kleinien. « Le fantasme de la femme au pénis ».

Pour M. Klein en (1928) la théorie de la mère ayant incorporé le pénis paternel au cours du coït est une combinaison particulièrement menaçante de parents-combinés. Cette représentation fantasmatique fait écho à ce qu’A. Green et J-L. Donnet (1973a) définissaient à propos des psychoses blanches «au minimun, la contamination du bon objet par le mauvais et, au maximum, la destruction du bon objet par le mauvais … » (p. 284).

Les incidences repérées par eux au niveau de la clinique, équivalent à une construction psychique au sein de laquelle le sujet ne peut naître sans être endommagé par l’emprise exercée par le mauvais objet.

‘« Le sujet ne peut naître faute d’accepter cette rencontre, ou, s’il naît, ne peut naître qu’endommagé, détruit par la prévalence du mauvais objet…..la relation est duelle parce que les deux personnages de la scène primitive n’en font qu’un. Un clivé en deux. Dès lors le sujet constitué en miroir ne se dégage pas de la scène pour se constituer dans la relation, mais fusionne en totalité clivé sans trace du clivage. L’autre est lui-même, un même clivé, jamais seul » (A. Green et JL. Donnet, 1973a, p.285).’

« Le fantasme de la mère au pénis » M. Klein, (1928) induit un mode de procréation de type solipsiste.

le deuxième volet implique une mort, que pour l’instant nous situons sur le versant de l’autre parent.

En conséquence de quoi, l’absorption du pénis par la mère place à l’origine une confusion entre scène de vie et scène de mort. Un enfant ne peut naître que si un parent disparaît.

Cette formulation laconique permet de dégager un modèle de fantasme de mono-engendrement qui pèse sur la constitution psychique de l’infans confronté à une forme de pouvoir meurtrier.

Autrement dit, la scène d’origine est indissociable de la scène du meurtre qu’à ce stade de notre démonstration nous attribuons au couple parental.

Non localisé à une place distincte, l’enfant reste collé à la scène ne sachant pas s’il vit ou ne vit pas.

Mort ou vif, c’est l’interrogation que pose le sujet ordalique en bravant le danger pour vérifier l’authenticité de son existence.

Suis-je mort ou vivant ?

Suis-je né ou non né ?

Suis-je un ou le prolongement de l’autre ?

Est-ce moi ou l’autre ?

L’organisation de type vampirique place le sujet dans l’impasse d’une non localisation spatio temporelle, c’est-à-dire d’un non lieu et non temps, d’une non réponse à la question.

Ni mort, ni vivant, ni né mais indubitablement errant.