4.1. Première tentative : contrer le vampire, réhabiliter le mort

Nous avons admis le processus d’ordalie du contact à partir duquel s’actualise la scène nouée de la problématique du sujet, dans une tentative de traitement psychique. Cet effet de mise en scène permet une remise en jeu des traces traumatiques associées à l’espoir d’une transformation que la figure de l’Autre représente.

Le processus de localisation que l’ordalie du contact promeut, nous invite à définir une logique ordalique qui reprend sur le même mode, la scène du mono-engendrement référée à l’Autre tout puissant. Il s’agirait d’une scène première de mono-engendrement assortie d’une adresse à l’Autre salvateur. Cet Autre messianique, incarnation par équivalence de la puissance de l’Autre, se transpose sur la figure du moi idéal du sujet . Autrement dit, l’Autre définit un complexe aux visages multiples. Il serait tour à tour, la mère archaïque, le prince charmant, Dieu, le père… , tout autant de variantes sur lesquelles s’appuie le sujet dans le but de transcender le spectre du vampire et d’inverser ses pouvoirs.

Il s’agirait pour le sujet ordalique de trouver le contre-vampire, la figure du puissant susceptible d’exercer un contre-pouvoir, un contre-vampire qui neutralise les effets dévastateurs du vampire.

Figure salvatrice ayant droit de vie et de mort, ce contre-vampire, légitime la vie du sujet ordalique en le protégeant de la reviviscence d’un vécu de mort psychique ou des figures sacrificiées offertes au vampire. Cette reprise de scène de mono-engendrement en appui sur la figure de l’Autre qui maintient en vie, sauve, légitime et permet la réhabilitation « du mort».

En effet, le sujet ordalique tente certes de vérifier la véracité de son existence mais également de sauver l’imago perdue, détruite. Moïse s’évertue à protéger son ordinateur de l’eau.

Cette scène que nous considérons comme une tentative de réhabilitation du mort, est cependant à entendre du point de vue du travail de reprise. La figure du mort est une construction psychique qui reprend la scène de mono-engendrement, l’effacement de l’imago paternelle, la disparition de l’imago maternelle devenue vampire, les vécus agonistiques, l’expérience de la disparition de soi dans le regard de l’objet.

Dès lors la scène ordalique s’affirme comme reprise du même pour tenter de sauver l’imago sacrifiée.

L’enjeu consiste à revenir sur la scène des origines pour lutter face à l’infanticide, le parricide, et le matricide.

Le précepte paradoxal du sujet ordaliqueconsiste à sauver l’objet en prenant le risque de ne pas le tuer à nouveau.