Synthèse. L’ordalie du contact, une illustration du processus de localisation scénique

L’ordalie du contact éclaire un processus de localisation scénique qui fonctionne par la remise en jeu des restes d’ambiguïté, selon quatre principes dégagés :

Principe n°1 :

L’ordalie du contact s’étaie sur la figure du danger et favorise le passage de l’interne à l externe, des restes de vécus d’ambiguïté. Ces restes sont réactivés par la figure du danger car elle constitue un agent de localisation doté :

Principe n°2 :

L’ordalie du contact promeut l’émergence d’une scène instantanée, inconsciente et à effet de surgissement selon le modèle de l’acte manqué. L’acte manqué propulse la scène pour participer à une localisation du sujet à sa scène.

Principe n° 3 :

Le processus de localisation scénique consiste à créer une scène suffisamment bonne à symboliser.

Cela suppose comme condition sine qua non, de permettre au sujet par le biais de la chute, de ré-éprouver un vécu de chute ancien. Ce vécu de chute que nous avons interprêté du point de vue agonistique, a confronté prématurément la psyché du sujet à un éprouvé de mort psychique. L’absence d’intégration psychique de cet éprouvé au sein du moi, le relègue à un statut de membre fantôme qui continue d’agir. Le passage par la scène ordalique remobilise ce vécu de mort, afin d’être localisé pour être destiné et narré. A l’issue de ce passage par la scène, le sujet s’appuiera sur les traces68 de l’expérience en tant qu’elles constituent la mémoire vivante du vécu scénique.

Principe n°4 :

Le sujet ré-éprouve un sentiment de culpabilité originaire que le vécu de chute remobilise. Le sujet en attente du verdict essaie, dans cet élan, de sauver l’objet disparu ou manquant.

Cette figure du danger sur laquelle s’appuie le sujet ordalique met en relief sa quête d’un autre.

Cette quête complexe repose sur la mise en scène d’un lien nécessaire de retrouvailles des caractéristiques de l’objet interne. Et dans le même temps, le sujet invoque un autre, un objet externe salvateur. Cet objet externe est attendu dans sa fonction de jugement d’attribution vicariant pour trancher, attester, séparer, présentifier l’expérience actuelle.

Au nom d’une culpabilité originaire, le sujet remet en scène l’espoir de sa rencontre avec un autre qui blanchira ce sentiment, le légitimera dans son existence. Cet objet externe représente pour nous, une imago parentale manquante ou disparue, d’une scène primitive première.

L’ordalie du contact illustre les tentatives pour un sujet de se localiser dans la scène dans la relation à l’autre (objet interne) assortie de l’espoir de la rencontre avec l’autre (objet externe).

Ce processus de localisation scénique décline les enjeux auxquels le sujet ordalique est soumis :

L’ordalie du contact constitue un enjeu capital pour tenter de traiter les restes actifs de ce qui a plongé le sujet dans un vécu d’ambiguïté et a généré un trouble de localisation endommageant la qualité du jugement d’attribution et altérant le sentiment d’existence.

Le sujet essaie de démêler les restes en s’exposant pour ré-expérimenter son statut d’incorporat, qu’un noyau mélancolique et de culpabilité première constitue.

Où suis-je ?

Suis-je vivant, mort, coupable ?

Est-ce moi ou l’autre ?

Ces questions tissent l’étoffe de la problématique du sujet ordalique qui tente de se localiser par ce processus de localisation scénique.

L’étude d’une monographie nous montre que cette quête de l’autre, introduit pour le sujet une tentative de déprise des effets du vampirisme psychique précoce. Adressée à l’autre, la scène ordalique configurée par le sceau de ce vécu premier, représente l’espoir de rejouer différemment ce qui reste noué et mal différencié. Contraint à revenir sur la scène pour se déprendre de ses effets, le sujet entreprend une tentative de neutralisation par :

La traversée de la scène ordalique renforce le statut d’exception du sujet au destin exceptionnel, et elle peut, via l’ordalie du contact, l’aider à se localiser pour devenir sujet de son histoire passée.

Notes
68.

Les traces revêtissent différentes formes  : cicatrices, fractures, objets cassés …