2.2.1. Le jeu du coucou

Le Jeu du coucou auquel se réfère R. Roussillon (1995) pourrait nous servir de levier afin d’interroger ses conditions d’émergence.

Reflet de processus au sein d’une relation engagée, le jeu du coucou émane d’une tentative pour trouver/créer l’autre en tant que même. Car il est supposé réfléchir une image de soi potentiellement investissable.

‘« Forme précoce du jeu du coucou : se cacher aux yeux de l’autre et ou cacher l’objet à ses propres yeux, c’est tout un, trouver l’autre c’est se trouver soi, se retrouver, perdre l’autre de vue, c’est se perdre soi-même [….]. Faire apparaître /disparaître le visage de l’autre, c’est ici le trouver/créer comme même. » (R. Roussillon, 1995, p.190).’

Le jeu de coucou reste cependant subordonné à trois invariants nécessaires à son déploiement :

  • Invariant n°1 : Un pacte de jeu est implicitement passé entre deux sujets. Il s’agit là d’un engagement réciproque.
  • Invariant n°2 : Celui qui se cache, le fait sous le regard de l’autre en étant assuré de le retrouver lorsqu’il réapparaîtra.

Invariant n°3 : La réapparition succède au temps de l’illusion de la disparition.

Ainsi le jeu du coucou concerne la qualité de l’investissement et sa continuité/discontinuité.

‘« Sa périodicité, son rythme, investissement d’une figure condensée soi-objet comme toute première forme d’union symbiotique » (R. Roussillon, 1995, p.192).’

Le jeu du coucou auquel nous convie Calypso ne recèle pas les qualités de celui-ci et constitue de notre point de vue, un analogon en négatif malmenant les invariants indispensables à son évolution ludique. Le pacte initial est tronqué et révèle le retournement que Calypso a dû opérer face à la dérobade de ses objets premiers. Elle convoque l’autre dans un jeu d’apparition et disparition brutale, provoquant déstabilisation et incompréhension.

Par-delà le jeu du coucou, une autre forme de jeu s’en échappe et s’impose à nous, sous forme de diable sortant de sa boîte, saisissant tour à tour le spectateur contraint d’endosser ce rôle afin de saisir la logique de l’imprévisible. De cette logique impalpable se dégage un vécu de trouble, un brouillamini qui efface les données rythmiques et périodiques.