2. Du bannissement à la quête d’un contenant

La scène centrale illustre le départ du dragon du château, qui in fine se réfugie dans la forêt.

2.1. Une non vie de château

Le dragon semble constituer le personnage principal de l’histoire « c’est la base » dit-elle. Ce dragon qu’elle fabrique à partir de l’élément « monstre » ne paraît pas inquiétant. C’est même le seul personnage doté d’une épaisseur et qui ressemble, de notre point de vue, à une femme enceinte. La situation initiale nous indique qu’il se trouve prisonnier dans le château. Ce château est construit autour d’une face représentant un visage souffrant et d’une tour à laquelle elle rajoute une fleur.

Elle lui attribue d’abord une valeur de prison. Puis, il devient un objet de convoitise puisqu’une fois chassé, le chevalier le récupère et en devient le propriétaire. La libération du monstre se fait dans des circonstances mystérieuses. C’est pour lui une opportunité d’expression d’une charge agressivité. En effet, il souhaite détruire le moulin du fermier, à noter que le fermier et le pêcheur sont le même personnage. Le dragon ne peut accomplir son dessein car le fermier se trouve sous la protection du chevalier qui lui barre la route et ne fléchit pas face à ses attaques. La libération du dragon n’est pas sans rappeler l’éclosion du pubertaire et sa potentialité de reprise et de rupture de vécus précédents. Cette éclosion met à jour les capacités d’attaque du dragon qui, fragilisé par le lâchage d’un contenant premier, attaque un autre contenant celui du fermier. Ne pouvant soutenir ce mouvement d’attaque, il fuit la situation qui l’a déstabilisé. Nous retrouvons le procédé « l’attaque/ fuite » W-R. Bion, (1961).

L’alternative de la fuite constitue une possibilité face au vécu d’impuissance et de dépendance.

Quoiqu’il en soit, c’est vers la forêt, seul « contenant » possible qu’il va se diriger. L’utilisation du terme contenant est générique car la forêt ne représente pas l’image d’un refuge qu’habituellement à l’AT9, nous retrouvons sous forme de maison, de grotte. Cette absence de représentation traduit un sentiment d’insécurité de base que des failles dans la construction du narcissisme laissent augurer. Le château pourrait faire fonction de refuge mais c’est le point de départ de l’enfermement du dragon puis de son évasion. Il se présente sous forme de construction bancale, dont la partie de gauche (la tour et la fleur) traduisent l’ébauche d’un travail d’idéalisation inachevé.